74éme Magal de Porokhane Mame Diarra Bousso: une vie de piété et de spiritualité
La communauté mouride célèbre ce 6 février 2025, la 74éme édition du Magal de Mame Diarra Bousso à Porokhane dans la région de Kaolack. Cet évènement religieux dédié à la mère du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadoul khadim Mbacké accueille chaque année des milliers de fidels talibés mourides pour célébrer la vertueuse Sokhna Diarra. Une occasion pour votre serviteur de revenir sur la vie et l'œuvre de celle qui se faisait appeler "Diariyatou lah" (la voisine de Dieu).
Dotée d’une haute considération et d’une dévotion particulière et largement respectée par toutes les confrèries du Sénégal, Sokhna Mame Diarra Bousso dont la vie de Mame Diarra qui n’aura duré que 33 années, malgré son œuvre monumental, doit faire école chez la gent féminine musulmane en général, et mouride en particulier. Elle fut la fille du très pieux Serigne Mouhamadou Bousso et de la très vertueuse Sokhna Asta Walo Mbacké. Le premier fut un descendant de Sayyidina Hassan, petit fils direct du prophète (Psl). Quant à sa mère, Sokhna Asta Walo, elle fut la fille de Serigne Ahmadou Sokhna Bousso, fils du grand homme de Dieu Mame Maharam Mbacké. Celui-ci fut le père de Serigne Mame Balla, lequel fut le père de Serigne Mame Mor Anta Sally ; celui-ci est le père du très vénéré Cheikh Ahmadou Bamba. Mame Diarra apprit le Coran qu’elle écrivit de mémoires plusieurs fois auprès de sa mère. Cette dernière fut un professeur émérite en matière d’enseignements coraniques et des sciences religieuses, auxquelles elle initia sa fille.
Mariée à Mame Mor Anta Sally, Mame Diarra Bousso eut quatre enfants, tous exceptionnels. Serigne Mame Mor Diarra, le fils aîné qui priait cent rakkas chaque nuit, le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul le fondateur du mouridisme, Serigne Habiboullah et Sokhna Faty.
Sokhna Diarra, dit-on, ne s’est jamais plainte, n’a jamais rechigné à la tâche, ce, pour la seule gloire de Dieu et de son Prophète (Psl). Dans le sillage de la tradition familiale, elle s’est appliquée à perpétuer la vivification des foyers de formation religieuse, la mémorisation du Coran, l’enseignement des sciences religieuses et la pratique du soufisme. Ainsi, elle est arrivée à une maîtrise parfaite de la théologie, de la jurisprudence et du Tassawuf. Des biographes de Mame Diarra Bousso racontent que, jamais de sa vie, elle n’a manqué une prière. Mieux, elle n’a jamais accompli une prière sans la faire précéder d’ablutions scrupuleusement exécutées. De même, chacune de ses prières, soigneusement accomplie à l’instant requis et dans l’orthodoxie la plus pure, étaient invariablement conclue par une séance de wird. La plupart de son temps, elle le consacrait à la lecture ou à la récitation du Coran, sinon, elle formulait des prières en faveur du Prophète (Salatu ala Nabi). Elle ne manquait jamais à son devoir de solidarité sociale à travers les aumônes qu’elle distribuait généreusement, sans ostentation ni mépris pour le récipiendaire. Ses vertus étaient doublées d’une foi inébranlable en Dieu. Ce qui lui valut le nom de "Diariyatou lah", celle qui vit près de Dieu.
Sokhna Diarra Bousso était d’une simplicité rare et d’une humilité inégalable et sa générosité légendaire. Pour elle, le savoir était au début et à la fin de tout, raison pour laquelle, elle enseignait le coran à certains voisins et talibés. Mame Diarra était également une femme d’honneur et de dignité. Elle préférait mettre en gage ses bijoux et objets de valeur pour aider son époux dans l’entretien de la famille et des talibés plutôt que de le laisser s’endetter. Ouverte et tolérante, Sokhna Diarra était la femme modèle pour ses voisins. Elle aidait tout le monde et enseignait de par sa manière de vivre et d’agir les vertus d’honneur dde dignité, de courage. Elle ne dépendait de personne et était disposée à rendre service à chacun. Elle fut rappelée à Dieu en 1866 à l’âge de 33 ans à Prokhane laissant derrière elle des vertus et des valeurs pour les jeunes générations.
Aly Saleh
