Selon la Banque mondiale, les envois de fonds vers les pays en développement ont battu un nouveau record en 2018 : ils atteignent 529 milliards de dollars, soit 9,6 % de plus qu’en 2017. Une augmentation constante d’année en année.
À la première place du classement des territoires destinataires de ces fonds, on retrouve l’Asie-Pacifique. L’Amérique latine et l’Afrique occupent respectivement les deuxième et troisième places. L’Inde est le premier pays bénéficiaire avec 79 milliards de dollars, suivie par la Chine (67 milliards), le Mexique (36 milliards), les Philippines (34 milliards) et l’Égypte (29 milliards). Mais ces transferts de fonds bénéficient-ils vraiment au développement des pays d’origine ?
Des fonds qui n’atteignent pas les circuits de l’économie formelle
Deux tiers des fonds mobilisés par les diasporas servent à pallier les besoins de la vie courante des populations récipiendaires. Ils répondent aux besoins urgents et quotidiens sans irriguer les circuits de l’économie formelle susceptibles de créer de la richesse sur le long terme : infrastructures et projets de développement, PME… Mais selon l’enseignant libérien Edmund Zar-Zar Bargblor, ces transferts de fonds sont contreproductifs lorsqu’ils couvrent des besoins essentiels qui ne sont pas pris en charge par les pouvoirs publics.
Ces fonds doivent être complémentaires des politiques et de l’aide publiques au développement plutôt que de se substituer à elles. Comme le souligne aussi Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des migrations : « Il faut souhaiter que ces transferts ne soient pas l’unique ressource [des familles vivant dans des pays où l’insécurité est économique, sanitaire ou politique] de la même manière que l’aide ne doit pas être l’unique ressource des pays en développement. »