Le patriotisme économique induit la mobilisation de l’Etat, des collectivités territoriales et des entreprises dans le but de développer ou de renforcer la compétitivité de celles-ci dans le contexte actuel de mondialisation et de durcissement des rapports concurrentiels. Le patriotisme économique intègre deux volets, l’un défensif, consistant en la définition de secteurs stratégiques à protéger, l’autre offensif, désignant la capacité à mettre en place des manœuvres d’accompagnement des secteurs identifiés comme stratégiques.
L’expression patriotisme économique désigne un comportement des pouvoirs publics, des entreprises et des consommateurs visant à favoriser les entreprises nationales et leurs produits, cela au détriment des firmes étrangères. L’objectif de cette démarche, qui s’inscrit dans le contexte d’une politique d’intelligence économique, est de stimuler l’économie nationale. Il peut s’agir de promouvoir la qualité d’un savoir-faire ou de dynamiser la recherche, cependant, le patriotisme économique intègre également un volet défensif qui lui vaut parfois d’être qualifié de protectionnisme. Les petites et moyennes entreprises et les grands groupes peuvent ainsi faire l’objet d’une attention particulière quant à la part de leur capital détenu par des investisseurs étrangers, et par conséquent lors de rumeurs d’offre publique d’achat. La protection du savoir-faire est l’un des enjeux clé du patriotisme économique qui témoigne de la volonté de préserver les atouts compétitifs d’une nation dans un contexte de mondialisation de l’économie. Néanmoins, le patriotisme économique fait l’objet de débats.
Le patriotisme économique est généralement perçu comme une invitation faite aux acteurs économiques tels que l’État, les consommateurs ou les entreprises, à favoriser les activités nationales.
Dans le débat sur le patriotisme économique, il est sans doute plus adapté d'utiliser le terme d'intelligence économique. Le terme patriotisme est à manier avec beaucoup de prudence car il est porteur de confusion avec le nationalisme, le protectionnisme et l'isolement et peut engendrer la méfiance de nos voisins africains. Si des formes de patriotisme peuvent être mises en place, elles doivent s'inscrire dans des limites et notamment ne s'appliquer qu'à des secteurs déterminés pour ne pas freiner l'intégration africaine.
Par ailleurs, force est de constater que les sociétés étrangères participent au maintien de l'emploi sur le territoire national. Ensuite, les sociétés étrangères participent à la fois à la richesse nationale et à l'effort de redistribution. En développant sur le territoire national de la valeur ajoutée, notamment industrielle, elles participent aussi à l'accroissement du produit intérieur brut. Sans compter tous les effets induits sur les sous-traitants, la logistique et les infrastructures, en plus de tous leurs efforts en matière d'innovation et de recherche. De même, elles s’acquittent de l'impôt sur les sociétés et la taxe professionnelle. Enfin, les groupes étrangers participent largement au commerce extérieur, contribuant ainsi à l’émergence de notre économie.
De ce point de vue, le Sénégal gagnerait beaucoup à mettre en place des systèmes de verrou pour imposer l’autorisation préalable du Gouvernement à tout investissement étranger dans certains secteurs stratégiques. Cela aura le mérite de mieux canaliser les impacts sociaux économiques des secteurs porteurs et générateurs de croissance. Cela participera aussi à renforcer la dynamique d’une croissance inclusive avec des acteurs locaux, bénéficiaires en priorité des fruits de notre croissance. Cela se traduirait concrètement par une défense anti-OPA pour préserver les fleurons de notre économie nationale et particulièrement à l’orée de cette nouvelle ère économique qui s’annonce pour notre pays qui va rentrer dans le club très sélect des pays producteurs de gaz et de pétrole.
Il est certes nécessaire de défendre certaines de nos entreprises, mais il convient aussi de prendre conscience que le protectionnisme et le patriotisme peuvent entraîner un manque de dynamisme et de compétitivité fatal pour l'avenir.
Par ailleurs, le contexte de la ZLECAF doit être pris en compte pour permettre à nos entreprises de capter des parts de marché conséquentes à l’échelle continentale. Cela induit une ouverture aux entreprises africaines et seule la compétitivité de nos entreprises nationales nous serait bénéfique.
L'orientation à prendre, dans l'optique du patriotisme économique, consiste à mettre en place une bonne stratégie qui nous permettra d’améliorer notre compétitivité et d’engranger des parts de marché au bénéfice de notre économie. Cette compétitivité des entreprises est la pierre angulaire de l'emploi. Il convient d'aider les entreprises et de réduire nos dépenses publiques.
D’où l’impérieuse nécessité d’affiner nos politiques publiques pour un meilleur encadrement de nos entreprises et une optimisation des structures d’accompagnement pour mitiger les confusions dans leurs objectifs, lutter contre l'empilement des structures et la complexité des procédures.
Le patriotisme économique relève donc de la mise en œuvre de l’intelligence économique au niveau étatique. L’un des défis du patriotisme économique sera donc de favoriser le développement d’une communauté d’intérêts entre les sphères publiques et privées amenées à cohabiter dans le cadre de la mise en place d’un dispositif d’intelligence économique. Ainsi, une bonne stratégie nationale permettait de veiller à ne pas freiner l’attractivité de notre pays qui doit accueillir davantage d’investissements étrangers de façon contrôlée et structurée pour la protection de nos intérêts stratégiques nationaux.
C’est à ce prix là que nous réussirons le pari de la compétitivité et de notre insertion optimale dans le marché commun africain, premier palier pour assurer un développement à l’international de nos entreprises, gage de croissance et de création de valeurs et de richesses pour nos populations. C’est mon intime conviction.
Babacar BA
Président Alternatives Citoyennes