Députés de la diaspora : Une initiative novatrice ou simple calcul politique ?

12 - Octobre - 2024

L’introduction des députés dédiés à la diaspora sénégalaise, décidée à l’issue d’un référendum sous la présidence de Macky Sall, a marqué un tournant significatif dans la représentation politique des Sénégalais de l’extérieur.
Cette mesure visait à donner une voix à une communauté importante, dispersée à travers le monde, mais contribuant considérablement à l’économie nationale, notamment par les envois de fonds.

Au départ, cette initiative a été saluée comme un pas en avant pour une meilleure intégration des Sénégalais de la diaspora dans le processus de décision politique. Quinze députés leur sont désormais alloués, censés représenter leurs intérêts spécifiques et faire le lien entre leurs réalités à l’étranger et les politiques nationales. Cependant, depuis leur création, ces sièges suscitent des débats houleux.

D’un côté, certains voient ces députés comme une avancée, une reconnaissance de la diaspora comme force politique et économique incontournable. Pour eux, cette représentation permettrait enfin d’aborder des questions qui touchent directement cette population, notamment l’accès aux services consulaires, les problèmes liés à l’immigration, ou encore la participation au développement économique du Sénégal.

Mais, d’un autre côté, la critique s’est rapidement installée. Plusieurs observateurs, ainsi que des membres de la diaspora eux-mêmes, estiment que ces députés peinent à jouer pleinement leur rôle. Ils sont souvent accusés de ne pas être suffisamment connectés aux réalités et aux préoccupations des Sénégalais vivant à l’étranger. Beaucoup dénoncent leur désengagement ou leur incapacité à influencer les décisions politiques de manière significative. Certains y voient simplement une façon de récompenser des alliés politiques, créant ainsi des postes pour des “clients” plutôt que pour des acteurs capables de défendre réellement les intérêts de la diaspora.

D’autres critiques mettent en avant les difficultés logistiques et pratiques qui empêchent ces députés de remplir efficacement leur mission. La dispersion géographique de leurs électeurs, l’absence de structures adaptées pour faciliter le dialogue et les échanges réguliers entre ces députés et les Sénégalais de la diaspora, ainsi que le manque de moyens, sont autant de facteurs qui limitent l’efficacité de cette initiative.

Pour comprendre la controverse, il faut se pencher sur les circonstances ayant mené à l’apparition de ces quinze sièges au sein de l’Assemblée nationale. Le référendum de 2016, qui a introduit plusieurs réformes constitutionnelles, a permis de donner un cadre à cette représentation. L’idée, en apparence louable, était d’améliorer la démocratie sénégalaise en intégrant mieux une frange importante de la population. Cependant, l’exécution semble n’avoir pas été à la hauteur des attentes.

Huit ans après leur entrée en fonction, force est de constater que les défis auxquels ces députés font face sont nombreux. L’avenir de cette représentation reste flou. Est-elle condamnée à être un simple symbole, ou peut-elle réellement évoluer vers un outil efficace pour la diaspora sénégalaise ? Il revient à ces élus de prouver leur valeur, de mieux incarner les aspirations des Sénégalais de l’extérieur, et de surmonter les obstacles qui limitent pour l’instant leur impact.

En fin de compte, la question qui demeure est celle-ci : ces députés sont-ils vraiment la solution pour améliorer la condition des Sénégalais de l’étranger, ou ne sont-ils qu’une énième trouvaille politique vouée à décevoir ?
La question de savoir si les députés dédiés à la diaspora constituent une priorité pour les Sénégalais de l’étranger est fondamentale dans ce débat. En effet, bien que l’idée de représentation politique soit louable, beaucoup se demandent si cette initiative répond vraiment aux besoins immédiats et concrets des membres de la diaspora.

Les Sénégalais vivant à l’étranger font face à des problématiques bien plus urgentes, telles que l’accès à des services consulaires efficaces, la simplification des procédures administratives, le soutien à l’insertion professionnelle ou encore la protection contre les abus dans certains pays d’accueil. Dans ce contexte, la création de quinze postes de députés semble pour certains déconnectée des réalités vécues au quotidien.
Pour une grande partie de la diaspora, la priorité serait plutôt de renforcer les structures consulaires, d’améliorer les conditions de vie dans les pays d’accueil, et de créer des mécanismes pour faciliter le retour au pays. La question est donc légitime : ces députés peuvent-ils réellement apporter des solutions aux défis quotidiens de la diaspora, ou est-ce une mesure symbolique sans impact réel ? La diaspora sénégalaise a besoin de réponses concrètes, et il reste à voir si cette initiative sera à la hauteur des attentes.
l’introduction des députés dédiés à la diaspora sénégalaise, bien qu’innovante sur le plan symbolique, suscite des interrogations sur son efficacité réelle. Si cette mesure vise à renforcer la démocratie en donnant une voix aux Sénégalais de l’extérieur, elle semble pour l’instant peiner à répondre aux attentes concrètes de cette population. Entre des critiques sur la déconnexion de ces élus avec les réalités de la diaspora et les accusations de favoritisme politique, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de cette représentation.

Pour que cette initiative ait un impact réel, il est impératif que ces députés se rapprochent davantage des préoccupations quotidiennes des Sénégalais de l’étranger et qu’ils parviennent à faire entendre leurs voix de manière significative. Sans cela, cette représentation risque de rester un symbole politique sans véritable portée pratique, et la diaspora continuera de s’interroger sur les priorités réelles de cette initiative.


                                                              Sakho Malick.

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