Nous, étudiants en première BTS Analyse Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole, avons passé une semaine intense à Saint-Louis, au Sénégal, dans le cadre d'une mission citoyenne.
Pendant cette courte période, nous avons apporté notre aide à la Maison de la Gare, qui œuvre au quotidien pour aider les enfants talibés, autour de projets agricoles et communautaires tout en plongeant au cœur de la culture sénégalaise.
Cette expérience brève mais riche en apprentissages nous a permis de mettre nos compétences au service d'une cause qui nous tient à cœur, celle des enfants en difficulté et délaissés.
S’ouvrir aux autres :
Avant notre départ, nous ne connaissions pas l’existence des talibés. Mais nous nous sentions concernés et nous avions à cœur d’apporter à ces enfants de la joie et notre soutien.
Arrivés, munis de collectes (vêtements, produits d’hygiène, médicaments...), nous sommes rentrés rapidement en contact avec ces petits garçons plein de vie et curieux notamment autour du jeu, du football.
Leur soif d’apprendre, leur joie de vivre malgré leurs conditions de vie et leur curiosité nous ont impressionné.
Il est vrai que nous nous plaignons souvent du système éducatif et que notre choix de formation par alternance était la solution (15 jours à l’école – 15 jours en entreprise agricole) mais nous mesurons aujourd’hui la chance de pouvoir étudier et prétendre à un métier qui nous fera vibrer
et vivre.
Nous espérons qu’un jour tous ces enfants puissent recevoir une éducation autre que celle religieuse pour envisager plus sereinement leur avenir.
Mais notre semaine à Saint-Louis a été bien plus qu'une simple mission citoyenne...
En plus de notre engagement sur le terrain auprès des enfants talibés, nous avons partagé des moments de vie inoubliables avec la communauté locale. Deux matchs de football mémorables, où chacun a remporté une victoire, ont été l'occasion de créer des liens forts. Mais ces instants sur le terrain n'étaient qu'une partie de l'expérience car pendant notre séjour, nous avons vécu au rythme de l'Euro 2024, ce qui nous a énormément rapproché en dehors des heures de travail.
Nous avons suivi les matchs ensemble, partagé des moments à la piscine, savouré des repas dans des restaurants locaux, et échangé des rires et des histoires qui resteront gravés dans nos mémoires.
Ces moments de détente et de convivialité ont transcendé les différences culturelles, nous laissant des souvenirs impérissables et une véritable amitié avec nos hôtes sénégalais.
A la poursuite du travail agricole engagé :
Lors de notre voyage au Sénégal, nous avons pu aider La Maison de la Gare à poursuivre le projet du potager démarré par nos camarades qui sont venus en janvier dernier. Le but final est de fournir aux enfants talibés de la nourriture locale et saine.
Sur le site, la première étape était de défricher le terrain afin de le nettoyer et de le rendre cultivable. Nous avons par la suite ratissé tout le terrain afin d’enlever les déchets pour améliorer le rendement et que le terrain reste propre avec un minimum de pollution.
Le lendemain, un local est venu avec sa calèche récupérer les déchets et les mauvaises herbes, il nous a également déposé du fumier afin d’améliorer la structure du sol en servant d’engrais.
Par la suite, nous avons mélangé le sable et le fumier pour améliorer la texture du sol. Avant de semer, nous avons jalonner pour différencier les futurs planches de cultures.
Le samedi, nous sommes allés à Bango avec Sulayman – personnel en charge du site, dans le second potager. Premièrement, nous avons nettoyé l’ensemble du potager puis nous avons mis des feuilles sur certaines parcelles que nous avons enfoui sous la terre pour augmenter l’humus dans le sol.
Nous avons réfléchi à une rotation de culture dans le potager pour essayer d’avoir moins d’adventices, les légumes déjà présents ont été arrosés.
Grâce à ce potager les enfants pourront avoir des légumes à certains repas, leur alimentation sera plus variée et davantage équilibrée. Aussi, certains enfants ont pris plaisir à nous aider sur ce projet.
S’immerger au plus près des enfants talibés :
Dans le cadre de notre mission, nous avons participé à plusieurs reprises à des maraudes, accompagnés de Mamadou, Abou ou El Hadj, dans le but d’aller recueillir les enfants en difficulté ne voulant pas retourner dans leur daara. Ces enfants se retrouvent donc seuls la nuit dans la rue, livrés à eux-mêmes.
Ces jeunes talibés dorment dans la rue à même le sol, parfois entre des adultes ou par groupe de deux ou trois jeunes, nous en avons également retrouvé cacher sous des filets de pêches. En effet s’ils ne se cachent pas ils peuvent être violentés voir violés, durant leur sommeil.
Ils dorment dehors car s’ils ne ramènent pas l’argent que le marabout demande ils se font battre ou se font emprisonner, ils préfèrent donc dormir dans la rue et ne pas rentrer dans le daara.
Les talibés ont un grand sens du partage et de l’entraide, pour se nourrir, se défendre, cette fraternité entre eux est belle à voir, même s’ils ont peu, ils se partagent tout.
Notre devoir était donc de les ramener en lieu sûr pour passer la nuit en sécurité à la Maison de la gare. Le lendemain matin, les personnes de l’association leur donnent un petit déjeuner et ils réalisent des enquêtes. Celles-ci servent à connaître ces enfants, leur daaras mais surtout à déterminer et à comprendre pourquoi ils dormaient dans la rue. Par la suite, les enfants sont ramenés dans leur daaras par les personnes de l’association afin de parler avec le marabout ou sont dirigés vers les organismes en charge de l’enfance.
Conclusion
Notre semaine à Saint-Louis, au Sénégal, restera gravée dans nos mémoires. Cette mission humanitaire nous a permis non seulement de mettre en pratique nos connaissances en agriculture et développement rural, mais aussi de tisser des liens avec la communauté locale.
Nous repartons avec une meilleure compréhension des défis que rencontrent les populations sénégalaises et une profonde gratitude pour l'accueil chaleureux qui nous a été réservé. Cette expérience nous a transformés et renforcés dans notre désir de contribuer activement à des projets solidaires, que ce soit ici ou ailleurs. À bientôt, inchallah.
CFTA de Montfort-sur-meu