ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC DOCTEUR LANDING BIAYE PRESIDENT DU MOUVEMENT PANAFRICAIN DES LEADERS (MPL) : "L’épineuse question migratoire de la jeunesse africaine a pris des proportions inquiétantes au cours de la dernière décennie"

09 - Octobre - 2024

Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je me nomme Dr Landing BIAYE, sénégalais résident au France. Je suis enseignant chercheur. Je suis, par ailleurs, le président du Mouvement Panafricain des Leaders (MPL) qui est actuellement représenté dans 46 pays d’Afrique et de la Diaspora.

Pouvez-vous nous présenter brièvement le Mouvement Panafricain des Leaders (MPL) ? Quels sont ses objectifs principaux et ses actions sur le terrain ?

Le Mouvement Panafricain des Leaders (MPL) regroupe actuellement 46 pays d'Afrique et de la diaspora. Ce mouvement a été créé, à Dakar (Sénégal), par les alumni du Centre Régional de Leadership de YALI Dakar, en février 2017. Plus de 200 jeunes leaders africains se sont rassemblés à Dakar pour initier ce mouvement, lors de l'exécution du programme phare du projet Young African Leaders Initiative (YALI) du Gouvernement américain. C’était un projet de soutien du Gouvernement américain aux jeunes africains qui promeuvent la croissance économique et la prospérité, renforcent la gouvernance démocratique et améliorent la paix et la sécurité à travers l’Afrique.

Ces objectifs tournent autour de la promotion du Panafricanisme : Unité africaine, intégration africaine et la solidarité entre les peuples ; l’accentuation des plaidoyers auprès des Autorités chargées des questions de la jeunesse ; la sensibilisation sur les dangers de migration irrégulière des jeunes africains ; la formation des jeunes sur l'entreprenariat et les recherches de financement. Le but principal de la naissance du MPL est de provoquer un changement de comportements et de mentalités, de même qu’à amener le citoyen africain à être conscient de ses droits et de ses devoirs.
Le MPL reste toujours préoccupé par les questions de l’heure dont fait face de façon intempestive l’Afrique. Il joue un rôle décisif afin de participer au panier de réflexions déjà engagées. C’est pourquoi, il forme, sensibilise et conscientise la jeunesse africaine et de la diaspora, dans une conversation permanente, sur l’économie, la société, la politique, les ressources naturelles, le changement climatique, l’environnement, la paix et la sécurité du continent africain. Cette transdisciplinarité se justifie tant au regard de la complexité des sociétés africaines que du besoin de créer des espaces de dialogues disciplinaires.
Les actions du mouvement sont déterminées par des plans d'action établis par ses fédérations (bureau pays), qui sont les piliers du mouvement. Leurs initiatives se focalisent sur les activités sociales, la sensibilisation, la formation et l'éveil de la conscience des jeunes. Il peut arriver que le mouvement organise des activités sociales pour les familles vulnérables ou pour les enfants en difficulté d'apprentissage. Il est fréquent que les bureaux de pays (fédérations) interpellent leurs gouvernements en organisant des manifestations pacifiques pour attirer l’attention sur des sujets d’actualité.

 

Quels sont les projets ou initiatives les plus marquants que le MPL a réalisés depuis sa création ?

L’une des initiatives phare de notre Mouvement est le Forum Panafricain des Leaders. Ce forum vise chaque année à réunir les jeunes leaders d’Afrique pour réfléchir sur les grands sujets de l'heure et proposer quelques pistes de solutions à travers des recommandations qui seront déclinés en projets. L’objectif global est d’outiller les jeunes leaders africains, issus de divers milieux et horizons, sur les objectifs de l’Union Africaine décrits dans sa vision 2063 et de galvaniser les efforts et d’unir dans l’action tous les jeunes africains au tour de la vision commune d’une Afrique pacifique, intégrée et prospère.

La première édition du Forum Panafricain des Leaders a eu lieu en République de Guinée en octobre 2017 sous le thème du dividende démographique en Afrique. La question de l’employabilité des jeunes a été abordée lors de la deuxième édition du forum au Sénégal, en octobre 2018. La Mauritanie a accueilli la troisième édition en décembre 2019 sous le thème de la migration irrégulière de la jeunesse africaine.
Les forums prévus au Maroc pour 2020 et 2021 ont été reportés à cause de la pandémie de la Covid-19. Néanmoins, nous avons organisé, au mois de décembre 2022 en Guinée Bissau, la quatrième édition portant sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
Sous le haut parrainage du Président de la République de l’Union des Comores, Président en exercice de l’Union Africaine, Son Excellence M. Azali Assoumani, l’Union des Comores a abrité en octobre 2023 la cinquième édition du forum panafricain sous le thème : Agenda 2063, le rôle de la jeunesse africaine.


Comment le MPL s'organise-t-il pour mobiliser et fédérer les leaders africains à travers le continent et la diaspora ?

Le MPL a montré la voie de la nouvelle lutte Panafricaine basée sur l’information, l’éveil de conscience, la sensibilisation et la formation. C’est la meilleure manière pour lui de redonner l’Afrique la place qu’elle mérite. Le Panafricanisme du MPL est responsable et non violent, il est légaliste et légitime. Son Panafricanisme est démocratique, il est respectueux des institutions et des symboles de l’Etat. Son panafricanisme est constructif, il est discipliné et ordonné. Son Panafricanisme est audacieux, il est visionnaire et pragmatique. Son Panafricanisme, c’est faire revenir au bercail les filles et les fils de l’Afrique afin qu’ils viennent investir en Afrique. Le panafricanisme du MPL, c’est la conscientisation, car dit-on, il n’y en a pas de pays sous-développés, mais plutôt des consciences sous-développées.

Le MPL a pour vision d’implanter des Leaders transformationnels dans tous les pays d’Afrique et de sa diaspora afin que ces derniers, plus tard, puissent devenir des fruits consommables pour le développement de leur peuple et pour leur peuple et naturellement pour l’Afrique et les Africains.
Le MPL est devenu une réalité, car au-delà d’être un laboratoire d’idées, une force de propositions et de solutions, il est un sujet de mémoire pour des étudiants. D’ailleurs, un jeune malgache très dynamique et brillant a soutenu son mémoire sur « Jeunesse, panafricanisme et diplomatie, l’exemple du MPL ». Ce jeune se nomme Rapo Nichols Nakany Atlas, j’ai eu l’insigne honneur de l’encadrer lors de la rédaction de son mémoire.
Le MPL est l’une des rares associations panafricaines à mobiliser de façon permanente et régulière la jeunesse africaine et de la diaspora pour débattre sur des questions de l’heure afin de participer au panier de réflexions déjà engagées sur le plan sous régional et régional.


Le 6ème Forum Panafricain des Leaders se tiendra à Dakar en décembre 2024. Pourquoi avoir choisi Dakar pour cette édition ?

Nous avons choisi d’organiser la 6e édition à Dakar, car le Sénégal est l’un des principaux points de départ pour les milliers d’Africains qui prennent la périlleuse route de l’Atlantique et tentent de gagner l’Europe, principalement via l’archipel espagnol des Canaries. Bien que le Sénégal soit un pays de transit majeur pour de nombreux Ouest-africains se rendant en Europe, le pays est aussi un pays de départ. L’itinéraire de la Méditerranée occidentale reliant l’Afrique de l’Ouest à l’Espagne est devenu l’itinéraire le plus emprunté pour se rendre en Europe avec plus de 58 000 arrivées. Le Sénégal était l’un des principaux pays d’origine des arrivants d’Afrique de l’Ouest en 2018, derrière la Guinée, le Mali, la Côte-d’Ivoire et la Gambie. Le choix de Dakar a été facilité par tous ces éléments susmentionnés.

Le thème de cette année est centré sur la migration irrégulière de la jeunesse africaine. Pourquoi ce sujet a-t-il été retenu pour cette édition ?

L’épineuse question migratoire de la jeunesse africaine a pris des proportions inquiétantes au cours de la dernière décennie. On assiste aujourd’hui à un suicide collectif de milliers de jeunes issus de l’Afrique subsaharienne fuyant leurs terres natales. La méditerranée est devenue le lieu de ce sinistre qui interpelle les consciences et exige des mesures adéquates. Ce phénomène n’a donc jamais été aussi inquiétant et suscité autant d’interrogations avec des statistiques sans appel. Nous voulons sonner l’alarme afin de repenser la lutte contre la migration irrégulière. Dans cette lutte, les mouvements des jeunes ont un rôle important à jouer. Ils doivent être des acteurs de cette lutte pour qu’elle soit plus efficace. C’est pourquoi, le Mouvement Panafricain des Leaders MPL a décidé de consacrer sa sixième édition du Forum Panafricain des Leaders à la problématique délicate de la migration irrégulière.

Ainsi, durant quatre (4) jours, les délégations des pays africains et de la diaspora seront outillées sur les causes, conséquences et solutions de la migration irrégulière. Nous essayerons de renverser la tendance afin d’encourager les jeunes à la migration régulière, tout en valorisant le potentiel existant en Afrique et enfin engager les États à apporter les réformes nécessaires pour rendre la migration régulière plus facile, sûre, ordonnée et accessible.


Pouvez-vous nous donner un aperçu du programme et des intervenants attendus lors du forum ?

Le forum se tiendra sur une période de 4 jours. La première journée sera dédiée à l’ouverture officielle et aux présentations des délégations africaines, de la diaspora, des organisations internationales, des partenaires techniques et financiers, sans oublier la leçon inaugurale qui portera sur la journée internationale des migrants afin de commémorer l'adoption de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

La deuxième journée sera consacrée aux panels. Des experts aborderont de manière diverse et variée la question épineuse de la migration irrégulière. Les organisations internationales exposeront leurs activités et leurs expériences dans le cadre de l’exercice de leurs missions envers les migrants irréguliers. En outre, chaque délégation des pays représentés aura à présenter la politique de son pays sur la migration. Des échanges et débats s’en suivront. A la fin des travaux, des engagements seront pris par les délégués pour être des acteurs engagés dans la lutte contre la migration irrégulière dans leur communauté.
La troisième journée sera marquée par des rencontres et des échanges avec les associations locales et internationales en charge des questions migratoires, des acteurs engagés pour lutter contre la migration irrégulière ainsi que des hommes et des femmes rapatriés de la migration. Des idées de projets seront proposées aux rapatriés ainsi que des plans de formations dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Des projections documentaires sur la migration seront faites et une communication introductive suivie de débats et d’échanges avec les candidats à la migration irrégulière seront au menu du programme.
La quatrième journée sera la clôture. Une déclaration sera prononcée suivie par des recommandations sur la migration irrégulière. Lesquelles recommandations seront transmises aux associations des migrants, aux autorités étatiques, aux parlementaires, aux ministères tutelles des pays représentés, aux agences onusiennes en charge des questions migratoires, aux représentants de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Chaque délégation partira de Dakar avec un projet de lutte contre la migration irrégulière bien ficelé. Des perspectives seront mises en place notamment pour sensibiliser les migrants rapatriés sur les dangers de la migration irrégulière en organisant des ateliers de partage d’expériences ; pour mettre en place un plan de formation en entrepreneuriat pour les migrants rapatriés ; pour aider également les migrants rapatriés à mettre en place de petits projets collectifs pour faciliter leur réinsertion progressive.


Quelles sont vos attentes en termes de participation, tant au niveau des jeunes que des décideurs politiques et économiques ?

Nous attendons plus de 200 participants venant de 46 pays d’Afrique et de la diaspora. Ce forum cible des jeunes, des femmes, des personnes rapatriées de la migration, des associations de migrants, des universitaires, des parlementaires, des autorités gouvernementales, etc.
Des experts internationaux de la migration, des associations de la diaspora, des organisations internationales, des sociétés civiles africaines sont concernées. Un autre collège de participants comprendra également les médias, les autorités territoriales et les maires des villes.

Quels résultats concrets espérez-vous obtenir de ce forum ? En quoi cela pourrait influencer les politiques migratoires ou les actions à l’échelle locale et continentale ?

Les résultats escomptés à la fin du forum seraient notamment que les participants auront examiné les raisons fondamentales des départs croissants irréguliers des jeunes. Des jeunes soient sensibilisés sur les initiatives et les dispositifs étatiques sur la formation, et l’accompagnement ; soient informés, orientés et conseillés sur des projets porteurs et leurs moyens de financement. Les pays représentés auront à partager leurs réussites et leurs échecs en matière de politiques migratoires ; Il serait important d'obtenir les témoignages des migrants sur leurs parcours migratoires. Qu'il puisse avoir une vision croisée des participants provenant de divers horizons sur les bonnes pratiques pour une migration légale.
Les perspectives après le forum seront de sensibiliser les migrants rapatriés sur les dangers de la migration irrégulière en organisant des ateliers de partage d’expériences. Nous allons, par la suite, mettre en place un plan de formation en entrepreneuriat pour les migrants rapatriés. Enfin, nous allons aider les migrants rapatriés à mettre en place de petits projets collectifs pour faciliter leur réinsertion progressive.

Selon vous, quelles sont les principales causes qui poussent les jeunes Africains à tenter l’immigration irrégulière malgré les dangers évidents ?

La migration irrégulière s’inscrit dans un contexte économique, politique et social en pleine mutation. D’une part l’instabilité politique, la faiblesse des performances économiques et la dégradation de l’environnement augmentent le potentiel migratoire des pays de départ. D’autre part la pauvreté, l’inégalité sociale accrue et le manque d’opportunités d’emplois des jeunes. Les causes sont également relatives aux systèmes éducationnels non adapté, créant une inadéquation Emploi- formation, le chômage et au suivisme des autres de la diaspora.
Des régions, qui jadis n’étaient pas affectées, sont progressivement devenues des zones de difficultés économiques et de pauvreté croissante. Cette extension de la crise a favorisé le développement de nouveaux courants migratoires dans la plupart des pays ouest africains, notamment le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée Conakry.


Quelles solutions réalistes et durables le MPL envisage-t-il pour limiter la migration irrégulière ?

La problématique de la migration irrégulière concerne tout le monde. En tant que Mouvement Panafricain, on s'engage, à travers nos fédérations, à organiser des séances d’information et de sensibilisation des jeunes, en projetant de films et documentaires illustratifs des dangers de la migration irrégulière. Il est courant que nos antennes pays organisent des table-rondes pour favoriser les échanges d'expériences entre les volontaires internationaux et les volontaires nationaux sur des sujets relatifs à la migration.

Dans les pays où le phénomène est important, nous organisons des émissions de débats sur les radios et les télévisions pour sensibiliser un large public aux enjeux et aux dangers de la migration irrégulière. La majorité de nos équipes locales offrent des formations aux jeunes dans le domaine de l'entrepreneuriat et les démarches de financement, afin qu'ils puissent mener des activités génératrices de revenus. Avec le soutien de nos partenaires, nous cherchons des financements pour aider les migrants rapatriés à trouver un emploi et à subvenir à leurs besoins quotidiens.

Pensez-vous que la coopération entre les États africains et les pays d’accueil pourrait améliorer la situation ? Si oui, comment ?

Les coopérations migratoires entre l'Europe et l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. L'Europe a un encrage systématique sur le vécu du continent africain, notamment de la traite négrière au néocolonialisme, en passant par le colonialisme. Ces coopérations sont toujours négatives pour l'Afrique. Face à la vague de politiques anti-migratoires dans leurs pays, les dirigeants européens ont pensé à une nouvelle politique migratoire avec l’espoir de juguler la migration irrégulière vers l’Europe. Les dirigeants africains ont, de leur côté, cherché à tirer parti du sentiment d’urgence véhiculé par l’Europe pour obtenir des investissements servant leurs priorités nationales. Cette nouvelle approche a entraîné des conséquences désastreuses pour l'Afrique. On assiste aujourd’hui à l’externalisation des frontières européennes en Afrique qui consiste à permettre l'Union européenne à effectuer ou sous-traiter hors de son territoire une partie du contrôle de ses frontières par les pays d'origine et de transit afin qu'ils participent à la mise en œuvre des objectifs européens et de sa politique migratoire. Malheureusement, cette politique est un échec, car des centaines de milliers de personnes migrantes sont bloquées dans les pays africains frontaliers à l’Europe, prises au piège d’un cycle de violence et d’abus. C’est pourquoi le MPL rappelle l’obligation des pays, au regard du droit international, de traiter tous les migrants avec dignité et de prioriser leur sécurité et le respect de leurs droits fondamentaux, en s’abstenant d’utiliser contre eux une force excessive. Il faut évaluer cette coopération, car les résultats sont loin d’être satisfaisants.

Comment la société civile et les organisations panafricaines comme le MPL peuvent-elles contribuer à sensibiliser les jeunes sur les risques de la migration irrégulière et à leur offrir des alternatives ?

La question migratoire est une question à géométrie variable. Cette problématique doit être traitée, non seulement à l’échelle nationale et sous-régionale, mais également à l’échelle continentale.

C’est pourquoi le MPL recommande aux États de jouer pleinement leur rôle de garant de la sécurité et de la stabilité des populations, en consacrant un grand budget dans la création d’emploi et des fonds d'accompagnement des jeunes pour amoindrir le taux de migration des jeunes vers l'Europe. Il urge, en synergie avec la société civile, de mettre en place des conventions avec les pays d’accueil pour l’intégration socio-économique des migrants déjà sur place en leur garantissant un retour réussi dans leur pays. Il est impératif de lutter, fermement et avec tous les moyens, l'exploitation des migrants irréguliers par les pays d'accueil, tout en ayant une approche sociologique dans le traitement des questions d’immigration et d’émigration.
L’Union africaine (UA) doit jouer pleinement le rôle de coordination pour promouvoir des politiques régionales communes pour la gestion de la migration irrégulière afin de prendre en compte les spécificités nationales et régionales.
L’UA doit poursuivre les efforts pour renforcer la protection juridique internationale des migrants et des demandeurs d’asile. Elle doit mettre en place un instrument juridique afin de criminaliser et réprimer le trafic de migrants, tout en respectant les droits des immigrés non munis de papiers.

Quels sont les projets futurs du MPL pour promouvoir l'intégration et le développement socio-économique des jeunes Africains sur le continent ?

Le MPL ambitionne de travailler pour l’intégration sous-régionale, car c’est une voie indiquée pour sortir de l’immobilisme économique du continent. C’est à travers la libre circulation des personnes que l’on parviendra au décloisonnement des échanges et au brassage des peuples et de leurs cultures, ce qui constitue certainement une étape déterminante vers la réalisation de l’Union africaine, laquelle reste encore un défi pour l’ensemble des États africains.

Imaginez-vous le profit qu'aura les citoyens des Etats membres à aller et venir au sein de la zone CEDEAO et CEMAC, sans contraintes ni restrictions particulières. Imaginez-vous les marchandises franchissent sans obstacles les frontières des pays membres, notamment pour le Mali et la RDC, à tire d’exemple, qui sont frontaliers à sept (7) pays. Dans ce cas de figure, on assistera à un véritable codéveloppement. Je m’interroge toujours l’ineffectivité de ces mesures dans l’espace sous régional.
Il est impératif de briser les frontières. Elles sont tracées au gré des puissances coloniales sans tenir compte des réalités ethniques, linguistiques, religieuses et politiques des peuples africains. Elles avaient une négligence et une méconnaissance du substrat géographique et des divisions politiques traditionnelles des territoires africains. Elles ont tracé des lignes droites sur l’inconnu et les appeler frontières. Elles ont distribué des montagnes, des rivières et des lacs sans jamais savoir exactement où se trouvaient ces formes topographiques de relief. De ce fait, nous sommes en face des peuples ou groupes ethniques qui se sont trouvés éparpiller à travers plusieurs Etats. Les solutions pour y remédier sont entre nos mains. C’est pourquoi, je trouve intéressant l’une des aspirations de l’Agenda 2063 de l’UA très importante. Celle qui promeut un Passeport africain et la libre circulation des personnes. Cette aspiration vise à supprimer les restrictions à la liberté de circulation, de travail et de résidence des africains sur leur propre continent.


Enfin, quel message souhaiteriez-vous adresser aux jeunes Africains, mais aussi aux dirigeants politiques, en vue de cette 6ème édition du Forum Panafricain des Leaders ?

Je tiens à leur rappeler que la sixième (6e) édition du Forum Panafricain des Leaders porte sur la migration irrégulière de la jeunesse africaine. Le choix de ce thème intervient à un moment où le continent africain traverse une période de changements importants. Le thème de la migration est aujourd'hui au centre du discours politique en Afrique, comme dans une grande partie du reste du monde. Le thème choisi pour cette sixième édition ne pouvait être plus approprié, étant donné la myriade d'idées fausses, de mythes et de craintes qui persistent autour de la migration de la jeunesse africaine.
Tous les jours des milliers de jeunes africains quittent le continent par vagues, dans des embarcations de fortune. L’océan Atlantique est devenu le cimetière de milliers d’émigrants africains qui s’y noient en tentant de gagner l’Europe. Ils laissent derrière eux familles, femmes, enfants pour se lancer dans une aventure, non seulement risquée, mais aussi incertaine. La jeunesse africaine, si ingénieuse avec ces bras si forts, disparait dans les abîmes d’une mer qui dicte sa loi. Il faut illico presto arrêter l’hémorragie. C’est inacceptable de laisser continuer cette saignée. Une prise de conscience africaine accompagnée de mesures fortes permettant aux jeunes gens de s’en sortir dans leur pays respectif est appelée de toutes nos vœux. C’est pourquoi la rencontre de la jeunesse africaine et de la diaspora à Dakar est capitale, car elle tentera d’apporter des perspectives supplémentaires qui permettent de mieux comprendre et endiguer ce phénomène complexe de la migration irrégulière de la jeunesse africaine.
Ce rendez-vous du donner et du recevoir est un laboratoire d’idées pour mieux appréhender l'ampleur des problèmes qui caractérisent la migration sur le continent, ce dont les praticiens et les décideurs politiques peuvent s'inspirer pour guider leurs actions tout en s'attaquant efficacement aux véritables pistes de solutions. Nous vous donnons rendez-vous à l’une des rencontres qui est désormais inscrit dons les annales des grands rendez-vous de la jeunesse africaine.

Entretien : Malick SAKHO

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 09/10/2024 à 21h27

Je vois le MPL comme un réel engagement de la jeunesse africaine.

Mes encouragements au président

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