Le cécifoot, c’est le football sans la vue. Il est joué par des athlètes ayant un handicap visuel, avec un ballon qui émet un son en roulant. Cette discipline a fait son apparition pour la première fois aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004. Depuis, les joueurs de cécifoot ont su impressionner les spectateurs et téléspectateurs du monde entier par leur vitesse et leur exceptionnelle perception de l’espace. Parmi eux figure Khalifa Ababacar Youm. Faisons connaissance avec lui dans cet entretien.
Parcours sportif et motivation
J'ai commencé à pratiquer le sport à l'âge de 16 ans, en me consacrant d'abord à l'athlétisme. À 17 ans, j'ai eu l'honneur de représenter le Sénégal lors des championnats d'Afrique d'athlétisme dans la catégorie des malvoyants, qui se sont déroulés en Côte d'Ivoire en 2000.
En 2003, j'ai décroché une médaille d'argent lors de l'épreuve du 100 m. En 2005, j'ai également représenté le Sénégal en Arabie Saoudite dans le cadre des Jeux de la solidarité islamique.
Après avoir obtenu mon baccalauréat cette même année, je suis venu en France pour poursuivre mes études supérieures. C'est à ce moment-là que j'ai découvert le cécifoot, un football adapté pour les déficients visuels.
À ce jour, je suis 13 fois champion de France et 13 fois vainqueur de la Coupe de France. J'ai également été champion d'Europe en 2022 et quart de finaliste lors de la Coupe du monde en 2023. Actuellement, nous sommes qualifiés pour les demi-finales des Jeux paralympiques de Paris et nous affronterons l'équipe de Colombie pour une place en finale. Le match est prévu ce jeudi 5 septembre au stade de la Tour Eiffel.
Défis à relever
J'ai toujours été passionné de sport et j'adore relever des défis. En tant que personne en situation de handicap, il arrive que nous rencontrions des difficultés dans la pratique de notre sport à cause de l'inaccessibilité des équipements sportifs. Cependant, c'est notre envie d'aller de l'avant qui nous pousse à surmonter ces obstacles.
Préparation pour les Jeux paralympiques
La préparation pour ces Jeux paralympiques s'est bien déroulée dans l'ensemble, car nous avons été placés dans de très bonnes conditions pour performer. Avec le soutien d'un public venu en nombre, nous gérons mieux le stress et la pression. Pour mieux gérer cette pression, j'écoute souvent de la musique avant le début des matchs.
J'encourage les jeunes vivant avec un handicap à privilégier la pratique du sport, car c'est bénéfique pour la santé et pour leur épanouissement. L'évolution des sports paralympiques peut être réalisée grâce aux actions de sensibilisation du grand public sur l'existence des disciplines pratiquées lors des Jeux paralympiques.
Mon objectif pour ces Jeux paralympiques est de décrocher une médaille d'or, ce qui nous permettrait d'entrer dans l'histoire. En ce qui concerne les compétitions à venir, nous avons le championnat de France et la Coupe de France pour la saison 2024/2025. En 2026, nous participerons aux championnats d'Europe organisés par la France, ainsi qu'à d'autres tournois internationaux.
Passions
En dehors du sport, je suis consultant en emploi et en insertion sociale et professionnelle. Je suis également chargé de développement des ressources humaines et de projets. Depuis plusieurs années, je soutiens les athlètes vivant avec un handicap. Je rappelle que j'ai introduit le cécifoot au Sénégal depuis 2006.
Je pense que les sports paralympiques ont beaucoup évolué, car ils attirent de plus en plus de spectateurs. Par exemple, lors des Jeux de Paris, le cécifoot se joue devant une moyenne de 12 000 spectateurs par match, une première depuis la création de cette discipline.
Je vous remercie pour cet entretien et pour l’intérêt que vous portez à ma personne.
Entretien : Malick Sakho