Comme chaque année, l’organisation internationale Horizon sans frontières publie le bilan des Sénégalais morts ou assassinées dans des circonstances troubles dans la diaspora. Pour cette année, une vingtaine de Sénégalais ont été comptabilisés. Des pistes de solutions ont été données pour tenter d'y mettre un terme.
« L’année 2021 a été très noire, nous avons enregistré la mort de 25 Sénégalais dans la diaspora », a déclaré d’emblée le président de Horizon sans Frontières, Boubacar Sèye, ce mercredi matin lors d’une conférence de presse organisée au siège d’Amnesty international en marge de la journée internationale des migrants. La liste part de Alioune Sylla Sarr tué par balle à Pretoria le 2 mars à El Hadj Sow, l’étudiant abattu par la police américaine le 10 décembre. La répartition en statistiques de ce bilan macabre des Sénégalais à travers le monde fait état de 60% en Europe, 24% aux États-Unis et 16% en Afrique. Boubacar Sèye se désole du mutisme de l’État du Sénégal face à cette situation : « On aurait souhaité qu’en de telles circonstances, le gouvernement se constitue en partie civile pour diligenter une enquête mais tel n’est pas le cas. On ne reproche pas à l’État du Sénégal d’être à l’origine de ces crimes mais on aurait voulu que la voix de l’État s’élève pour protester contre ces actes que subissent ses fils. Sinon à la longue, les ressortissants sénégalais risquent de devenir des cibles faciles ».
Pour Boubacar Sèye, le taux élevé de Sénégalais morts en Europe serait la résultante des politiques anti-migratoires adoptées par de nombreux des États du continent. « La migration est devenue en Europe un enjeu électoral, c’est le fonds de commerce de dirigeants qui ont échoué dans leurs idéologies classiques. Résultat, c’est toute l’Europe qui glisse vers l’extrême droite », pense-t-il.
« Le ministère des Sénégalais de l’extérieur est caduque »
Face à l’ampleur du phénomène, l’Ong propose la création d’un ministère chargé des migrations internationales ou une agence autonome « directement reliée à la présidence de la République ». « Cette agence va traiter ces questions migratoires dans sa diversité, sa complexité et sa transversalité », évoque Boubacar Sèye qui souhaite par ailleurs la création d’une nouvelle « cartographie de la diplomatie sénégalaise » composée de nouvelles juridictions pour assister au mieux ces Sénégalais. Une proposition qui vient pour « pallier le vide » causé par le ministère des Sénégalais de l’Extérieur sur cette question. « Ce ministère ne prend pas en charge la dimension migratoire dans sa diversité et sa complexité. Pour preuve, quand des Sénégalais étaient bloqués au Niger, ils n’avaient aucun interlocuteur », dit-il en faisant allusion aux Sénégalais coincés à Arlit et à Agadès, qui sont, pour certains, rentrés depuis peu. Poursuivant, Boubacar Sèye qualifie le terme « Sénégalais de l’extérieur » de « caduc ». Pour lui, il faudrait désormais parler de « migrations internationales ».