Le gouvernement Italien autorise la délivrance de près de 70 000 permis de travail

30 - Décembre - 2021

La semaine dernière, le Premier ministre Mario Draghi a signé un décret qui approuve l’octroi de 69 700 permis de travail aux migrants algériens, bangladais et ivoiriens notamment. Un pas en avant pour l’intégration des exilés dans le pays, mais encore trop “timide” au regard des besoins réels des entreprises.

Pour se reconstruire après la pandémie de Covid-19, l’Italie a besoin des migrants. La semaine dernière, le Premier ministre Mario Draghi a signé un décret qui autorise la délivrance de 69 700 visas de travail pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans le pays. Soit le double de l’année précédente, indique le journal Il Sole 24 Ore.

Ils seront octroyés aux exilés originaires d’Albanie, d’Algérie, du Bangladesh, de Bosnie-Herzégovine, de Corée, de Côte d’Ivoire et d’Égypte notamment, des pays avec lesquels l’Italie a signé des accords de coopération. Les secteurs les plus concernés par ce décret sont ceux du transport de marchandises, du bâtiment et de l’hôtellerie, qui s’arrogent à eux seuls près de 20 000 visas.

“C’est un décret qui, pour la première fois depuis de nombreuses années, essaie de répondre à la réalité et aux besoins des partenaires sociaux”, a réagi le ministre du Travail, Andrea Orlando, qui a co-écrit le texte avec sa collègue de l’Intérieur Luciana Lamorgese.

Les deux ministres avaient initialement proposé à Mario Draghi 80 000 visas. Si le chiffre finalement retenu est en deçà, le Premier ministre ne ferme pas pour autant la porte à des permis supplémentaires, l’année prochaine. “Nous répondons à un appel de l’industrie italienne, dont la demande est encore plus élevée que ce chiffre”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Un décret “timide”
Le groupe WeBuild, leader italien de la construction, a en effet fait savoir au gouvernement qu’au moins 100 000 travailleurs étaient nécessaires pour mener à bien le Plan de relance, peut-on lire dans Ie quotidien Corriere della Serra. Paolo Agnelli, un industriel spécialisé dans l’aluminium regrette de son côté un décret “timide”, et un chiffre “insuffisant”. “Nos entreprises ont du mal à trouver 98 000 travailleurs pour tourner correctement. Pourquoi [le gouvernement] n’accorde-t-il pas davantage de permis ?”.

Des préoccupations que partagent d’autres industriels européens, comme au Royaume-Uni. En septembre, pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement avait autorisé la délivrance près de 10 500 visas de travail. Des permis destinés à combler, quelque peu, le déficit d’employés dans les secteurs du transport routier et de la santé. Le National Health Service, système de la santé publique national qui fournit l’essentiel des soins, dispose par exemple de 100 000 postes vacants d’infirmiers, de médecins généralistes et de personnels hospitaliers.

Mais là aussi, l’annonce gouvernementale avait déçu. La présidente de la Chambre de commerce britannique, Ruby McGregor-Smith, avait déploré le nombre “insuffisant” de visas annoncé, largement en dessous des besoins “pour régler un problème d’une telle ampleur”. “Cette annonce équivaut à vouloir éteindre un feu de camp avec un verre d’eau”, avait-elle déclaré.

“Pas assez” d’immigrés
À Londres comme à Rome, ces annonces trahissent l’échec d’une politique qui jusqu’ici, n’a pas su tirer avantage de la situation migratoire. L’Italie, une étape privilégiée par les migrants de leur parcours d’exil – 66 482 personnes sont arrivées sur les côtes italiennes entre le 1er janvier 2021 et le 29 décembre – reste pour une majorité d’entre eux, un pays de transit. Pourtant, les exilés pourraient combler la perte de milliers de travailleurs italiens. Depuis 2015, en raison d’une démographie en baisse, l’Italie a en effet perdu 436 000 citoyens, soit tout autant de travailleurs potentiels. Sans que les autorités ne s’en inquiètent réellement.

Un modèle inefficace dénoncé par Stefano Allievi, professeur à l’Université de Padoue. “Il ne s’agit pas de savoir si l’on signe un décret pour 80 000 ou 70 000 personnes. Le véritable sujet, c’est que le modèle doit être changé”, assure-t-il à Corriere della Serra. Ce qu’il propose ? “Des accords avec les pays de départs”. “Les migrants arriveraient de manière légale par avion, au lieu de tenter des voyages désespérés”, qui leur infligent “séquelles physiques et mentales”.

En Italie, malgré quelques décisions allant dans le sens d’un changement de paradigme, le chemin est encore long. “Le problème en Italie n’est pas qu’il y ait trop d’immigrés, ou qu’ils ‘nous volent du travail’, déplore l’historien Miguel Gotor dans La Repubblica. Le problème, c’est qu’il il n’y en a pas assez, car aujourd’hui nous avons besoin d’eux”.

Par Marlène Panara

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