Les défis du destin du Dr Ibrahima Kassory

28 - Avril - 2024

Ibrahima Kassory Fofana, né le 15 avril 1954 à Forécariah en Basse-Guinée, est un économiste et homme d'État guinéen. Il est Premier ministre de Guinée du 21 mai 2018 jusqu'au 5 septembre 2021.

Voilà bientôt deux ans que le dernier Premier ministre d’Alpha Condé a été arrêté. Pourtant, son procès s’enlise et sa remise en liberté, ordonnée par la Cour de justice de la Cedeao, est restée lettre morte.
Dans son arrêt du 16 octobre dernier, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait ordonné la remise en liberté d’Ibrahima Kassory Fofanadans un délai de trois mois. Le dernier Premier ministre d’Alpha Condé et deux de ses anciens ministres, Mohamed Diané et Oyé Guilavogui, avaient saisi la juridiction communautaire.
Celui-ci occupé plusieurs postes stratégiques au sein de l’administration guinéenne, dont celui de ministre d’État à la Présidence chargé des questions d’investissements et des partenariats public-privé sous la présidence d’Alpha Condé, ministre de l’Économie et des Finances, ministre du Budget et de la Restructuration du secteur parapublic et administrateur des grands projets sous la présidence de Lansana Conté.

Un haut fonctionnaire chargé de la coopération internationale
Diplômé de la faculté de comptabilité de l’université de Conakry avec mention remarquable, il intègre en 1978 le bureau d’études du ministère de la coopération internationale en tant que directeur adjoint. Il gravit par la suite plusieurs échelons au ministère du plan et de la coopération pour devenir directeur général de la coopération internationale en 1986 et directeur général des investissements publics en 1991.

Ascension ministérielle aux côtés de Lansana Conté
Il connait ensuite une ascension fulgurante dans le premier cercle du président Lansana Conté, sur lequel il jouit d’une grande influence. En 1994, il est ministre sans portefeuille à la présidence, administrateur des grands projets auprès de Lansana Conté. Il a notamment la charge de restructurer les entreprises publiques pour accompagner la réorientation de l’économie guinéenne du modèle socialiste vers le modèle libéral, laissant un bilan dont il se dira fier. Il entre pour la première fois au gouvernement en 1996 en tant que ministre du budget et de la restructuration du secteur parapublic dans le gouvernement de Sidya Touré.
Il est en 1997, ministre de l’économie et des finances, un poste qu’il occupera jusqu’en 2000. Il gère alors la reprise des relations avec le FMI et la Banque mondiale et met en œuvre le programme d’ajustement structurel de la Guinée. Il initie également un programme de lutte anti-corruption, une première en Guinée, qui aboutit à des arrestations et traduction en justice des cadres concernés, et un programme d’assainissement du fichier de la fonction publique qui permettra des milliards de francs guinéens d’économie sur la masse salariale du trésor public.
En parallèle, il est gouverneur pour la Guinée de la Banque africaine de développement de 1996 à 2000 et administrateur pour la Guinée du Fonds monétaire international de 1998 à 2000. Il est également membre du Conseil d’administration de nombreuses sociétés privées et publiques guinéennes.

Exil aux Etats-Unis et entrée en politique
En 2000 il quitte le gouvernement pour des raisons diversement interprétées : conflit avec l’armée autour des dépenses de celle-ci, manipulation orchestrée contre lui par l’entourage de Lansana Conté. Il décide de partir à l’étranger, au Sénégal d’abord puis aux Etats Unis.
Il y obtient en 2002 un doctorat de troisième cycle en développement, finances et banque à l’American University à Washington et devient consultant international.
En 2009, sous la transition militaire après la mort de Lansana Conté, il rentre à Conakry et crée le parti Guinée pour tous (GPT), qui se distingue dans le paysage politique guinéen par son refus catégorique du communautarisme ethnique. Un des 24 candidats à la première élection présidentielle démocratique guinéenne de 2010, il présente un programme axé notamment sur l’amélioration de la gouvernance, la décentralisation et l’intégration régionale, en se classant 11e au premier tour avec 0,66 % des suffrages. Il choisit au second tour de voter en faveur du candidat Alpha Condé, qui remportera le scrutin avec 52,52% des voix.
Quelque temps après, il quitte son ancien allié sur fond de désaccords autour du dispositif contesté de l’organisation des premières élections législatives démocratiques du pays.Il lutte aux côtés de l’opposition pour la tenue des législatives transparentes et prend part aux manifestations de rue.

Un allié d’Alpha Condé
Au lendemain des élections législatives de septembre 2013, où GPT obtient un siège sur les 114, il se rapproche à nouveau d’Alpha Condé qui le sollicite pour l‘aider au redressement économique du pays. Il décide de faire une « alliance utile » en rejoignant le camp présidentiel.
Il devient en 2014 ministre d’État auprès du président Alpha Condé chargé des questions d’investissement et des partenariats public-privé (PPP). A ce poste stratégique nouvellement créé au sein de la présidence, il coordonne les efforts déployés dans le pays et à l’étranger pour mobiliser les ressources nécessaires aux investissements prioritaires. Il est notamment à l’origine de la diversification des partenariats vers les pays émergents, comme la Chine, auprès de laquelle il obtient 20 milliards de dollars d’investissements.
Il est directeur de campagne d’Alpha Condé à l’élection présidentielle d’octobre 2015, son parti GPT ne présentant pas de candidat. Il évoque une alliance non pas de circonstance, mais celle de la raison.
En mai 2018, il dissout son parti GPT et rejoint la formation présidentielle RPG-Arc-en-Ciel.

Premier ministre
Le 21 mai 2018, Ibrahima Kassory Fofana est nommé Premier ministre de la Guinée par le président Alpha Condé.
Dans un contexte sociopolitique marqué par des manifestations de l’opposition entachées de violence, il interdit les manifestations et met en place un dispositif sécuritaire renforcé, déclarant qu’entre l’ordre et la loi, il préfère l’ordre.
Avec le mandat de mettre l’accent de l’action gouvernementale sur le social et un meilleur partage des fruits de la croissance, il déclare vouloir une croissance qui se mange et met en œuvre un programme ambitieux de réduction de la pauvreté, se fixe pour objectif de sortir de l’extrême pauvreté 40% des Guinéens d’ici 2025, soit environ 6 millions de personnes.
Pour dégager des marges budgétaires nécessaires, il initie une réforme de la gouvernance fiscale et vise à relever le taux de pression fiscale de 13,5% jusqu’à 20% d’ici 2025.

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