Mû par l’intérêt d’une prospective sur les enjeux démocratiques, Jiitël Wareef – Le Devoir en Mouvement se fait l’obligation de poser un regard critique sur l’actualité. Le paysage politique de notre pays, symbolisé par une transition prometteuse, est aujourd'hui assombri par des actes préoccupants qui interrogent la réalité de la liberté d'expression. Les arrestations de Cheikh Yerim SECK, Kader DIA et le commissaire KEYTA, ainsi que les convocations de figures politiques comme Bougane GUEYE DANI et Diegui DIOP FALL, soulignent une tendance inquiétante : le retour des pratiques répressives et un musèlement systématique du débat public. Le Sénégal a longtemps été perçu comme un bastion de la démocratie en Afrique de l'Ouest, mais cette réputation est mise à mal par des actions qui rappellent les heures sombres du régime de Macky SALL. Les abus commis durant son mandat ont limité l'espace d'expression, et la persistance de ces pratiques sous de nouvelles autorités confirme que des leçons n'ont pas été tirées. Ce phénomène n'est pas l'apanage d'une seule administration, mais témoigne d'un modèle structurel de gouvernance où la critique est aisément perçue comme une menace.
Les sorties de Cheikh Yerim SECK, audacieuses et incisives, ont souvent dessiné une réalité que de nombreux dirigeants préféreraient voir ignorée. Son arrestation représente, symboliquement, la tentative de réduire au silence ceux qui osent défier le statu quo. Kader DIA et le commissaire KEYTA, tous deux chroniqueurs engagés, incarnent également cette voix qui, par son analyse critique, vise à éclairer l'opinion publique sur des enjeux politiques cruciaux. La suppression de telles voix est malheureusement une stratégie où la coercition est favorisée au détriment du dialogue. Elle rappelle celle d’autres journalistes à l’instar d’Abdoulaye DIALLO, Mouhamadou Lamine KEBE, Malick SECK, Ndeye TICKE, Pape SAMBA, Moussa TAVELE, Jibril SARR, Ameth Suzanne CAMARA, Souleymane NDIAYE, Mame BOUGOU, Boubacar BA, Oumar NDEYE, Aissatou SOW SIDIBE, Adama GAYE, Mamadou KOULIBALY, Mamadou SECK, Alioune Badara FALL, Mouhamed NDIAYE, Pape Alé NIANG, Souleymane DIALLO, Pape NDIAYE, Mouhamadou DIA, Amadou KANDE, Fatoumata SARR, Nathalie SARR, Madiambal DIAGNE et tant d’autres arrêtés entre 1960 et 2024 en raison de leur travail ou de leurs opinions. Le lien historique entre le pouvoir et les médias au Sénégal a toujours été ambivalent. Alors que certains médias ont joué un rôle de contre-pouvoir, d'autres ont succombé aux exigences d'un régime désireux de maintenir une image positive, parfois au prix de la rigueur journalistique. La distinction entre information objective et propagande devient floue lorsque les intérêts politiques priment sur le devoir d'informer. Ainsi, le retour à la répression est symptomatique d'une incapacité à réguler ce rapport de force.
La convocation de personnalités politiques, telles que Bougane GUEYE DANI et Diegui DIOP FALL, rappelle que la liberté d'expression est souvent synonyme d'un risque accru d'attaque. Ces convocations doivent être perçues non seulement comme des tentatives d'intimidation, mais également comme un signal clair que toute forme de dissidence sera combattue par les tenants de la nouvelle alternance. Ce climat de peur peut engendrer une autocensure chez ceux qui pourraient encore considérer d'exprimer une opinion alternative. Malgré ces défis, la société civile sénégalaise doit, une fois de plus, faire preuve de résilience en défendant activement la liberté de la presse et des droits politiques. Les condamnations et les fora de discussions sur les réseaux sociaux témoignent d’un désir collectif de changement de paradigme. Les attouchements à la liberté d'expression doivent désormais être confrontés à une contestation croissante pour illustrer que la résistance ne faiblira pas, même en période de répression. Cette mobilisation est essentielle car elle contribuera à construire un contre-narratif, celui d'une société qui refuse le silence et qui entend jouer un rôle actif dans son destin démocratique. Jiitël Wareef – Le Devoir en Mouvement s'appuiera sur cet impératif pour continuer d'informer, d'éduquer, et d'amplifier la voix du véritablement changement. Le Sénégal est donc à un nouveau tournant décisif. La persistance de la répression à l'encontre des journalistes et des opposants politiques interroge la profondeur de l'engagement des nouvelles autorités envers les valeurs démocratiques. La lutte pour la liberté de la presse et des droits politiques n’est pas seulement un enjeu national, mais un combat qui trouve écho dans les aspirations démocratiques de tout un continent. La défense de ces principes fondamentaux consacrés par la Constitution est essentielle pour préserver le tissu démocratique du Sénégal et assurer un avenir où la critique et la diversité d'opinions sont non seulement acceptées, mais valorisées comme un atout pour la société.
La situation incite à une réflexion profonde sur l'avenir de la démocratie au Sénégal. Les autorités doivent être conscientes des implications de leurs décisions, car elles influent non seulement sur leur image, mais aussi sur la perception du pays sur la scène internationale. La criminalisation des délits de presse et la répression des opposants ne peuvent engendrer qu'une dégradation de la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. Pour sortir de cette spirale, il est crucial de rétablir une séparation claire entre les pouvoirs et d'encourager un environnement où la liberté d'expression est véritablement garantie. A la faveur des nouvelles réformes à venir, les institutions devraient être renforcées pour faire de la justice un pilier sur lequel se fonde la confiance publique. Il devient nécessaire de revoir l’article 80 du Code Pénal qui traite de la diffamation et de l'injure (A l'origine des déboires judiciaires de plusieurs opposants politiques) et d’instaurer des lois qui protègent les journalistes et les citoyens engagés, créant ainsi un cadre où la critique est respectée et encouragée. La réforme de cet article est d’autant plus urgente qu’elle permettra d’assurer :
La protection de la liberté de la presse, renforçant le droit des journalistes à informer sans crainte de sanctions.
La réduction de l'auto-censure conscients que moins de menaces pénales encouragerait des reportages plus audacieux.
La responsabilité professionnelle favorisant une couverture médiatique de qualité tout en maintenant une éthique.
Le pluralisme des médias avec des lois moins restrictives permettant leur consolidation et leur diversification.
La conformité aux normes internationales avec un alignement sur les standards de liberté d'expression.
La stimulation du débat public fondée sur une presse libre comme gage de la liberté pour le citoyen d’être informé.
La prévention des abus de pouvoir au moyen de la protection des journalistes contre les poursuites abusives.
Enfin, l’amélioration des relations médias-État favorisant un dialogue constructif.