Algérie – Guinée équatoriale : autopsie d’un naufrage

17 - Janvier - 2022

L’équipe d’Algérie de football a, à la surprise générale, perdu dimanche soir contre la Guinée équatoriale (0-1) en match de poule de la CAN 2021.

Une défaite qui ne lui laisse d’autre choix que de battre la Côte d’Ivoire jeudi prochain dans le dernier match du groupe E.

Et ce qui devait arriver arriva. Avant le dernier match de la phase des poules des qualifications pour le Mondial 2022, face au Burkina Faso, le sélectionneur Djamel Belmadi déclarait, à propos de la série d’invincibilité de son équipe, qu’il faudra bien perdre un jour, mais pas ce match là.

Deux mois plus tard, les Verts sont tombés après plus de trois ans et 35 rencontres sans goûter à la défaite.

La rencontre de dimanche soir n’est pas aussi décisive que celle du Burkina Faso, mais la défaite fait mal. Il est rageant et frustrant de lâcher à deux marches seulement du record mondial des matchs sans défaite, de surcroît devant un adversaire qui n’émarge pas au registre des ténors du continent.

Surtout, ce résultat met l’équipe nationale dans une situation compliquée pour la qualification au deuxième tour, même si ses chances demeurent intactes. Après deux matchs joués, elle est dernière du groupe avec un point au compteur. Face à la Côte d’Ivoire jeudi 20 janvier, il suffira de gagner pour passer. Mais il faudra impérativement gagner.

Reste à savoir si les Verts ont les moyens de le faire après ce qu’ils ont montré face à la Sierra Leone et à la Guinée équatoriale. Sans doute que les qualités intrinsèques du groupe sont toujours là. Sur le papier, l’Algérie a une équipe qui peut toujours prétendre à garder son titre africain.

Si elle se retrouve dans cette situation, c’est d’abord à cause d’un ensemble de facteurs sur lesquels le staff technique et la Fédération algérienne de football n’ont aucune emprise.

L’équipe nationale a été décimée par le covid pendant la préparation au Qatar et a été privée de ses meilleurs éléments, retenus par leurs clubs européens jusqu’à une semaine avant le début de la compétition.

Au Cameroun, elle a dû faire face à des conditions très difficiles, entre chaleur, humidité, pelouses catastrophiques, programmation inéquitable…

Faut-il rappeler que même la grande équipe d’Algérie des années 1980 n’a pas triomphé en Afrique subsaharienne et que les deux titres gagnés l’ont été en Algérie même (1990) et en Egypte (2019) ?

Tout cela excuse la mauvaise entame des Verts dans cette CAN 2021, mais en partie seulement. Car avant même cette compétition, l’équipe nationale a commencé à montrer des signes de fébrilité.

En novembre dernier, elle a failli passer à la trappe et voir s’envoler le rêve du Mondial en se faisant accrocher à Blida par le Burkina Faso (2-2). La mauvaise passe se confirme avec cette entame catastrophique de la CAN.

Une défaite tactique ?

S’agit-il du début de la fin d’un cycle ? Il est en tout cas certain que la composante de l’équipe nationale, du moins son ossature titulaire, est restée figée depuis la CAN 2019 et cela ne peut pas être une bonne chose.

Seul Ramiz Zerrouki a remplacé Adlène Guedioura et encore, le joueur du FC Twente n’a pas pris part aux deux premiers matchs de la CAN 2021 pour cause de maladie.

Djamel Belmadi s’est défendu récemment en conférence de presse en soutenant que de toutes les grandes équipes africaines, l’effectif de l’Algérie est celui qui a bougé le plus.

Certes, il a convoqué une quarantaine de joueurs ces deux dernières années, mais il fait jouer presque toujours le même groupe. Pourtant, certains éléments des trois compartiments ont montré leurs limites. Du sang neuf s’impose, notamment en attaque où Baghdad Bounedjah et Islam Slimani ne sont plus au meilleur de leur forme.

L’incroyable loupé du meilleur buteur des Verts face à la Guinée équatoriale illustre parfaitement la panne de l’attaque algérienne, incapable de concrétiser, même les actions les plus faciles.

On peut reprocher aussi à Belmadi ses hésitations tant tactiques que dans le choix des joueurs. Pendant deux matchs consécutifs, il a changé son attaquant de pointe et surtout un élément de la charnière centrale.

Pire, il les a remplacés à chaque fois au milieu du match. En deux rencontres, quatre joueurs ont joué en défense centrale des Verts (Mandi, Benlamri, Bedrane et Tahrat).

Un autre problème n’a pas échappé aux observateurs : Riyad Mahrez n’est plus aussi décisif qu’il l’était pendant la CAN en Egypte et ses prestations mitigées contrastent avec ses performances avec Manchester City.

Beaucoup estiment que Mahrez serait plus utile aux Verts au poste de meneur de jeu et apporter un plus à l’animation offensive. Pendant les deux derniers matchs Mahrez a été utilisé dans son poste habituel chez les Verts, sur le flanc droit, et il a été à chaque fois neutralisé.

Youcef Belaili, qui a brillé en Coupe arabe, a été transparent durant les deux premiers matchs de la CAN. Il est apparu essoufflé physiquement, incapable de faire la différence sur le flanc droit de l’attaque algérienne.

Gérer un groupe à ce niveau, c’est d’abord faire le meilleur usage de son meilleur élément. En somme, le naufrage face à la Guinée équatoriale est aussi quelque part une défaite tactique de Djamel Belmadi.

tsa-algerie.com

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