Les Sénégalais de la diaspora occupent une place prépondérante dans l’économie nationale à travers les transferts d’argent qu’ils effectuent régulièrement. Ces remittances, qui représentent environ 10 % du PIB du Sénégal, constituent une source de devises essentielle pour le pays. Elles contribuent à soutenir les dépenses des ménages, notamment dans des secteurs aussi cruciaux que l’éducation, la santé, ou encore le logement. Cependant, malgré leur volume significatif, ces transferts d’argent ont un impact limité sur les investissements productifs, faute de mécanismes permettant de canaliser ces ressources vers des projets structurants.
Dans le cadre de l’ambitieuse vision « Sénégal 2050 : Agenda national de transformation », il est impératif d’imaginer des solutions innovantes pour mobiliser et orienter cette épargne vers les secteurs stratégiques de développement. Pour y parvenir, l’État doit envisager des initiatives structurées, telles que la création d’une banque dédiée à la diaspora et le développement d’instruments financiers attractifs.
L’importance d’une banque dédiée à la diaspora
Une banque spécifiquement destinée aux Sénégalais de l’extérieur pourrait jouer un rôle transformateur dans la mobilisation et l’utilisation des ressources financières de la diaspora. Une telle institution, conçue pour répondre aux besoins spécifiques des expatriés, permettrait de réduire les coûts élevés liés aux transferts d’argent, tout en offrant des services bancaires modernes et adaptés. Ces services pourraient inclure des produits d’épargne rémunérateurs, des financements pour des projets immobiliers, ou encore des prêts pour encourager l’entrepreneuriat au Sénégal.
Au-delà des services classiques, cette banque pourrait devenir un outil clé pour orienter l’épargne collectée vers des projets nationaux stratégiques en lien avec les objectifs du Projet Sénégal 2050. En offrant des garanties solides et des taux d’intérêt compétitifs, elle renforcerait la confiance des Sénégalais de la diaspora envers les institutions financières locales, pour une meilleure mobilisation de leurs ressources pour le financement du développement.
Les instruments financiers pour mobiliser l’épargne de la diaspora
Pour maximiser le potentiel de la diaspora dans le financement du développement, des instruments financiers novateurs doivent être mis en place. Parmi ces outils, les « diaspora bonds » se présentent comme une solution particulièrement prometteuse. Ces obligations, émises par l’État, permettraient de lever des fonds directement auprès des Sénégalais de l’étranger pour financer des projets d’infrastructures, d’énergies renouvelables, ou encore d’industrialisation. Inspirés des succès de pays comme l’Inde ou Israël, ces outils offrent aux investisseurs non seulement un rendement attractif, mais également la satisfaction de participer activement à la construction de leur pays d’origine.
Un autre instrument clé pourrait être la création de fonds de retraite dédiés à la diaspora. De nombreux Sénégalais vivant à l’étranger ne disposent pas de mécanismes de sécurité sociale leur permettant de préparer sereinement leur retraite. En leur offrant la possibilité de cotiser à un fonds de retraite investi dans l’économie nationale, l’État pourrait non seulement répondre à ce besoin, mais aussi mobiliser d’importantes ressources pour des projets de développement. Ces fonds, en plus d’être sécurisés, offriraient un rendement stable, consolidant ainsi le lien entre la diaspora et le Sénégal.
Par ailleurs, des comptes d’épargne ou d’investissement à taux préférentiel pourraient être proposés aux Sénégalais de la diaspora. Ces comptes seraient assortis d’incitations fiscales ou de garanties spéciales pour encourager l’épargne et l’investissement dans des secteurs clés comme l’agro-industrie, les technologies de l’information, ou les zones économiques spéciales. Ces dispositifs permettraient de canaliser l’épargne vers des projets à fort potentiel de croissance et de création d’emplois.
Enfin, des partenariats publics-privés intégrant la diaspora pourraient être développés pour soutenir des initiatives entrepreneuriales et industrielles. Ces partenariats favoriseraient l’émergence de projets collaboratifs entre les Sénégalais de l’intérieur et ceux de l’extérieur, renforçant ainsi les liens économiques et sociaux entre ces deux groupes.
Un levier pour la transformation économique et sociale
L’implication structurée de la diaspora dans le financement du développement pourrait transformer significativement le paysage économique du Sénégal. D’une part, elle permettrait de réduire la dépendance du pays aux financements extérieurs souvent coûteux et conditionnés. D’autre part, elle renforcerait la souveraineté économique en mobilisant des ressources nationales pour financer les priorités stratégiques.
Les fonds collectés grâce aux diaspora bonds, aux fonds de retraite, et aux autres instruments financiers pourraient être orientés vers des secteurs clés tels que les infrastructures, l’énergie, ou encore l’industrie. Ces investissements contribueraient non seulement à la modernisation de l’économie, mais aussi à la création d’emplois pour répondre aux besoins d’une population jeune et en pleine croissance. De plus, en intégrant pleinement la diaspora dans les projets de développement, l’État renforcerait le sentiment d’appartenance et de solidarité nationale parmi les expatriés.
Conclusion
Les envois d’argent des Sénégalais de la diaspora représentent une opportunité unique pour financer la transformation économique et sociale du pays. Cependant, pour que cette opportunité soit pleinement exploitée, il est indispensable de créer des mécanismes structurés et innovants permettant de mobiliser et d’orienter cette épargne vers des projets productifs. La mise en place d’une banque dédiée, combinée au développement d’instruments financiers attractifs comme les diaspora bonds ou les fonds retraite, constitue une voie prometteuse pour atteindre les ambitions du Projet Sénégal 2050. Ce modèle repose sur une vision partagée, où chaque Sénégalais, où qu’il se trouve, devient un acteur central du développement de son pays. C’est mon intime conviction.
Babacar Sané BA
Président Alternatives Citoyennes
Coalition MIMI 2024
Machalah c une tres bonne solution il ns le faut