Le Projet Sénégal 2050 se présente avec des ambitions affichées et des schémas visuellement alléchants rappelant le catalogue de La Redoute. Mais derrière cette façade séduisante, on ne trouve qu’un vide sidéral. Si ce plan a réussi quelque chose, c’est bien à peaufiner son apparence pour masquer l’absence de contenu substantiel.
Les axes stratégiques sont exposés avec soin, les graphiques bien élaborés et les diagrammes aussi esthétiques qu’obscurs. Toutefois, en examinant de près cette mise en scène, une question se pose : Où sont les données concrètes, les échéances précises, les mécanismes détaillés ? L’effort semble avoir été mis sur le look, laissant le fond (volontairement ?) flou. Peut-être espère-t-on que le public se laissera emporter par les couleurs vives et les formules accrocheuses. Mais même la plus belle carte ne sert à rien si elle ne mène nulle part.
Sans calendrier rigoureux, ni chiffres solides, ce projet évoque ces interminables présentations PowerPoint : bien exécutées, mais finalement dénuées de réelle utilité. Les termes-clés – compétitivité, capital humain, équité territoriale, justice sociale, gouvernance sont là, mais ils semblent flotter dans le vide. Derrière ces promesses, rien de concret ne vient soutenir l’ambition affichée. On évoque la transformation, mais jamais on ne nous dit comment elle sera réellement mise en œuvre, ni selon quel timing, et avec quels moyens.
Quant à la situation économique du pays, elle semble soigneusement évitée. Il est toujours plus simple de multiplier les promesses que de s’attaquer à la réalité financière. La dégradation de la note souveraine du Sénégal ? Un détail à ignorer, tant qu’on peut continuer à projeter des infographies impeccables. Pourquoi se soucier d’un plan de gestion de la dette quand on peut se concentrer sur l’embellissement de la présentation pour éblouir l’assistance ?
L’absence de réformes concrètes est flagrante. Les solutions tangibles semblent avoir été reléguées au second plan, au profit d’une approche plus créative, où l’on laisse entendre que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes dès lors qu’on invoque des termes à la mode tels que développement durable et équité. Mais sans données précises, sans objectifs mesurables et sans stratégie claire, ces mots ne sont que du vent.
En fin de compte, le Projet Sénégal 2050 ressemble davantage à un exercice de style qu’à une véritable vision pour l’avenir. C’est un spectacle visuel où la forme prend largement le dessus sur le fond. Pour espérer faire progresser le pays il faut bien plus que des schémas élégants et des discours bien rodés. Un projet crédible ne peut se contenter d’être une belle présentation ; il doit reposer sur des solutions concrètes et réalisables. Les sénégalais, mes compatriotes, ne doivent pas se laisser influencer par ce qui n’est qu’un mirage.
Ibrahima Thiam, SENEGAAL KESE