Lettre à Monsieur Amadou Chérif DIOUF, Secrétaire d'État aux Sénégalais de l'Extérieur
Monsieur le Ministre Chérif Diouf,
Permettez-moi de réagir avec tout le respect dû à votre fonction à vos récentes déclarations concernant la diaspora sénégalaise. Il m’apparaît nécessaire de vous faire part de ma profonde surprise et de mon incompréhension face à une approche que je qualifierais de réductrice et peu représentative des réalités vécues par cette frange essentielle de notre Nation.
Réduire les attentes de la diaspora à des questions de billets d’avion, de cartes consulaires ou encore de rapatriement de corps et de personnes en difficulté, c’est méconnaître profondément les véritables enjeux et aspirations de nos compatriotes établis à l’étranger. Une telle posture dénote d’un manque de reconnaissance du rôle vital que joue la diaspora dans l’équilibre économique, social et politique du Sénégal — et ce, bien avant même l’émergence de tout projet politique récent.
La diaspora est aujourd’hui un acteur stratégique du développement national, par ses apports économiques, ses compétences, ses réseaux, et sa mobilisation constante pour les grands enjeux de la République. Elle mérite à ce titre une écoute attentive, un dialogue constructif et une considération à la hauteur de son engagement.
Monsieur le Ministre, votre prise de parole publique, dans son ton comme dans son contenu, a pu être perçue comme une marque de condescendance, voire de déconnexion par rapport aux réalités vécues sur le terrain. Cela est d’autant plus surprenant que vous avez, vous-même, connu les réalités de l’immigration.
Il est essentiel, dans un contexte de refondation nationale, de bâtir une relation saine et respectueuse entre les institutions et la diaspora. Cela passe par une meilleure compréhension de ses besoins réels et par la reconnaissance de sa contribution dans la conquête démocratique et le progrès collectif de notre pays.
Avec tout le respect que je vous dois, je vous invite à reconsidérer votre position et à engager, dans un esprit d’ouverture, une réflexion plus approfondie sur la place stratégique que la diaspora doit occuper dans les politiques publiques à venir.
Moussa Niang Mbaye
Pastef Italie
