C’est une page qui se tourne et une autre qui s’ouvre dans l’histoire de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT). Ce samedi, à l’issue d’un congrès empreint de rigueur démocratique, Ibrahima Thiam a été élu à la tête du parti, succédant à Abdoul Mbaye, fondateur et figure de proue de l’ACT depuis sa création en mai 2016. Après neuf années de présidence, l’ancien Premier ministre a choisi de se retirer, non sans élégance, pour passer le flambeau à une nouvelle génération de leaders.
Loin des habitudes bien ancrées du landerneau politique sénégalais, où le culte de la personnalité s’étire souvent jusqu’à l’essoufflement, Abdoul Mbaye a préféré le geste rare : organiser sa propre succession. “L’histoire politique du Sénégal nous a habitués à voir des chefs de parti s’accrocher à leur poste jusqu’à l’usure”, souligne un passage du communiqué officiel de l’ACT. “Abdoul Mbaye a fait un choix radicalement différent, un choix noble : il a préparé, organisé et accompagné sa propre succession dans un esprit de démocratie et de transparence.”
C’est donc avec un large soutien que Ibrahima Thiam a été désigné pour porter désormais les couleurs et les espoirs de l’ACT. Une mission qu’il accueille avec gravité et lucidité : “L’ACT n’appartient à personne, il appartient à une idée, à un idéal”, a-t-il déclaré après son élection. “Je suis conscient de la charge qui m’incombe aujourd’hui. Je sais aussi que je ne serai pas seul. Car l’avenir de l’ACT ne repose pas sur un individu, mais sur un collectif.”
Homme de conviction, Ibrahima Thiam n’est pas un inconnu dans le champ politique sénégalais. Ancien fondateur du mouvement “Un Autre Avenir”, il s’est toujours positionné comme un fervent défenseur d’une politique éthique, collective et tournée vers l’intérêt général. Son adhésion à l’ACT s’inscrit dans cette continuité : construire une offre politique crédible, au service de la citoyenneté, du travail et de la justice sociale.
S’il hérite d’un parti structuré et reconnu, Ibrahima Thiam a aussi devant lui la tâche délicate de réinventer le discours politique de l’ACT, à l’heure où les aspirations citoyennes évoluent rapidement. Entre rupture et fidélité, il lui faudra incarner cette volonté de renouvellement tout en conservant l’ADN d’un parti qui a toujours voulu se tenir à distance des logiques clientélistes.
Abdoul Mbaye, désormais président d’honneur de l’ACT, laisse derrière lui un legs qu’il espère fécond. Le relais est passé, dans les règles et avec dignité. À Ibrahima Thiam de faire vivre l’idéal.

Sakho Malick