L’intérêt majeur de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable des territoires (LOADT) votée par l'Assemblée nationale, le lundi 28 décembre 2020 se trouve dans la réflexion qu’elle suscite autour de l’impact de la dynamique territoriale sur l’économie nationale. En effet, dans ce document qui constitue le principal pilier sur lequel repose l’acte III de la décentralisation du Sénégal, l’aménagement du territoire se présente comme un ensemble de mesures et d’actions volontaristes visant, par une organisation prospective de l’espace, à utiliser un territoire de manière rationnelle en fonction de ses ressources et potentialités dans le but de satisfaire les besoins immédiats et futurs de la population. En termes plus clairs, l’aménagement du territoire vise l’exploitation de nos ressources et potentialités là où elles se trouvent afin d’impulser le développement économique, social et environnemental au niveau local. L’atteinte de tels objectifs requiert une bonne structuration de l’espace et une valorisation durable des ressources et potentialités permettant ainsi au territoire de se doter de possibilités de participer à l’animation économique du pays.
Instrument de politique économique
Il apparait ainsi, que pour un pays comme le Sénégal, où l’écrasante majorité de l’activité économique et administrative est concentrée dans la macrocéphalie urbaine de Dakar, l’aménagement du territoire reste un instrument de politique économique apte à corriger ces erreurs par l’instauration d’une plus juste équité entre les territoires. Ceci passe généralement par la création de métropoles d’équilibre sur différents points du territoire national dont le dynamisme aiderait à faire face à certains grands défis comme l’exode rural et/ou l’émigration irrégulière. La constitution de ces pôles s’appuie sur une rigoureuse politique d’affectation des sols et une claire cartographie des filières à fort potentiel de développement. De là apparait très clairement l’interconnexion qui existe entre l’aménagement du territoire et l’entreprenariat qui se définit comme un ensemble d’activités qui concourent à la formation et à la croissance d’une entreprise dont la conséquence première est la création de valeurs (la valeur est la richesse ou l’emploi créés à partir des ressources et potentialités provenant des territoires) …
Garantir l’attractivité
La rentabilité de l’interconnexion dépend dans une très large mesure de la pertinence du modèle de gouvernance territoriale (intégration entre territoire et entreprise) défini par l’État et mise en œuvre par les collectivités territoriales (Commune, Conseils départemental et régional). Cette gouvernance doit garantir l’attractivité qui est la capacité pour un territoire à offrir aux acteurs des conditions qui les convainquent à implanter leur projet sur son espace plutôt que sur un autre. Etant donné que la préoccupation majeure de l’entrepreneur c’est la recherche du profit, un pôle économique digne de ce nom doit lui offrir ... - Disponibilité & cout avantageux du foncier - Disponibilité des infrastructures de transport et de télécommunication - Disponibilité de l’énergie - Disponibilité de ressources humaines de qualité - Disponibilité de services aux entreprises (encadrement technique et financier) - Avantages fiscaux - Présence d’externalités (sous-traitants, incubateurs, partenaires …) - Informations de qualité sur l’identité du territoire - Niveau d’organisation et capacité sociale d’accueil du territoire : climat des affaires du territoire - Capacités des locaux à travailler ensemble Facilité dans l’approvisionnement en matières première En définitive, l’aménagement du territoire favorise la mise en synergie de divers facteurs propices à l’émergence d’un bon climat des affaires qui garantit la durabilité aux entreprises. Toutefois, sa mise en application est très souvent plombée par des contraintes d’ordre politique.
ADAMA GUEYE
Président Di.s.so