Un clin d'oeil sur les effectifs de certaines équipes nous renseigne sur des vérités de l'histoire moderne et sur la configuration socio-politique des pays de l'Afrique. En particulier sur la question de l'identité nationale. Les séqueĺles de la colonisation sont encore bien là. On peut penser au fameux Partage du Gateau entre les ex-Puissances Coloniales lors Congrès de Berlin de 1885. Le morcellement du continent avait été fait de manière arbitraire sans tenir compte des réalités sociologiques. Dommage que le processus de décolonisation n'aura pas servi à soigner cette blessure. Pourtant certains comme Lumbumba ou Krumah aurait voulu résoudre la question en prônant alors une unité africaine. Malheureusement le processus de décolonisation nous a legué des Etats selon la logique établie par les colons. C'est pour cela que l'on dit qu'en Afrique pour la plupart l'Etat a précédé la nation. Et la problématique de l'identité nationale est souvent une forfaiture. Le concept même de "nation" semble inapte à définir l'identité des peuples. Et aujourd'hui des Etats africains "souverains" siègent au concert des nations sans pouvoir être des nations. De là découle la fragilité des Etats qui peinent à trouver une base nationale qui les légitime. Souvent la réalité nous montre que les systèmes d'appartenances transcende le concept de l'identité nationale.
Dans cette CAN on a vu deux frères de même père et de même mère jouer pour deux équipes différentes. C'est le cas des frères Gomis. D'autre part il suffit de lire les patronymes des joueurs pour voir les liens familiaux entre sénégalais et mauritaniens. Sans compter aussi la problématique de la double nationalité avec les joueurs franco-africains.
Dans l'effectif des lions de la Téranga on voit la forte présence de joueurs issus de la diaspora sénégalaise. Ces jeunes ont choisi de défendre les couleurs de la terre de leurs ancêtres. Leur apport en terme qualitatif est énorme et heureusement personne ne leur pose la question de la double nationalité. Ils sont sénégalais et personne n'a le droit de leur priver de leur sénégalité. Je le dis à ceux qui de temps à autre brandissent la double nationalité comme une faute ou pire comme une trahison. Le Sénégal reconnaît la double nationalité et il faudrait que ce principe soit effectif à tous les niveaux puisqu'on peut être porte drapeau même si on a la double nationalité. Et au de là de la législation c'est notre culture qui est inclusive. Le sénégalais ne rejette jamais son sang. Et en tout cas, notre pays gagnerait toujours à favoriser la participation de sa diaspora pour le développement économique, social et culturel. Le défi historique c'est de constituer un capital social à partir de nos ressources humaines pour batir notre pays. Faisons en sorte de consolider nos acquis d'ouverture et d'inclusivité pour grandir davantage notre pays.
Aly Baba Faye