Immigrés et syndicats en Italie
L'Italie a quasi le taux le plus élevé de l'union européenne de travailleurs immigrés dans le mouvement syndical. Presque un travailleur immigré sur deux est inscrit dans une des trois grandes fédérations syndicales italiennes. Les trois grandes centrales syndicales italiennes qui attirent les préférences d'adhésion des travailleurs immigrés sont la C.G.I.L. (confédération générale italienne du travail), la C.I.S.L. (confédération italienne des syndicats des travailleurs) et la U.I.L. (union italienne du travail). Avec l'article 2 paragraphe 3 de la constitution, la république italienne en exécution de la convention de l'organisation du travail (O.I.T) n° 143 du 24 juin1975 ratifiée par la loi n° 152 du 10 Avril 1981 garantit à tous les travailleurs étrangers régulièrement résidents en Italie la parité de traitement et la pleine égalité de droits par rapport aux travailleurs italiens. Dans cette parité de traitement et de droit, il y a le libre choix d'adhésion à une organisation syndicale pour la protection de ses droits de travailleurs. A partir de 2009, donc juste après le début de la reprise de la crise de 2008, le nombre d'immigrés inscrits dans les syndicats a connu une forte croissance. En 2009, 715.953 travailleurs immigrés étaient inscrits ; ce nombre est passé en 2020 à 1.048.301, soit 10,2% du total des travailleurs inscrits dans les trois plus grands syndicats d'Italie.
Encadre la vie du travailleur immigré et celle de sa famille
Au-delà du rôle de défendre le travailleur immigré au même pied d'égalité que son homologue italien pour la protection de ses droits sur le lieu de travail et par rapport à son employeur, le syndicat en Italie encadre de long en large la vie du travailleur immigré et celle de sa famille. Il est le trait d'union entre l'immigré et toutes les institutions italiennes qui interviennent dans le processus de tous les documents administratifs qui régularisent l'immigré, sa femme et ses enfants. Le syndicat prend en charge l'immigré et sa famille de sa première régularisation jusqu'à la fin de son processus administratif d'intégration totale c'est à dire l'obtention de la nationale italienne après dix ans ininterrompus de résidence sur le sol italien.
L'obtention et le renouvellement du titre de séjour, la documentation requise pour le regroupement familial et celle pour la demande et l'obtention de la nationalité italienne se font par voie télématique par le service syndicale des centres autorisés d'assistance fiscale ou C.A.A.F. Ce sont des services où le travailleur en Italie peut avoir à sa disposition toutes les informations sur les problématiques liées aux questions fiscales généralement pour les déclarations annuelles d'impôts du travailleur en Italie. Le C.A.A.F est différent du service du mécénat appelé " patronato " en italien.; ce dernier s'occupe avant tout des pratiques liées à la sécurité sociales ou aux prestations versées par l'Etat italien comme les indemnités de chômage, l'attribution de primes, même si c'est un service qui peut remplir des obligations fiscales. Donc au-delà du rôle du syndicat de représenter tous les salariés sans distinction aucune, sans discrimination aucune au niveau national et à l'échelle de l’entreprise et de son rôle de communication et d'information, le syndicat en Italie pour le travailleur immigré est un service d'assistance administratif et d'intégration sociale. Les syndicats à travers leurs activités de représentations ont toujours eu une fonction de défense des droits des immigrés. En même temps à travers l'dérogation de services spécifiques, les syndicats en Italie ont facilité tous les processus administratifs et socio- professionnels des immigrés. Personne n'est plus placée que Monsieur Massaer Diané du C.A.D.E.E.S pour parler de l'accord de 2016 signé entre le questeur de la police de Venise, le docteur Angelo Sanna et les organisations syndicales de Venise visant à rationaliser et fluidifier la collaboration entre la préfecture de Police de Venise et les bureaux syndicaux qui gèrent les procédures d'obtention des titres de séjour des immigrés.
Une fonction de défense des droits des immigrés
Cette double importance du syndicat italien dans la vie de l'immigré a obligé beaucoup d'immigrés sénégalais et d'autres nationalités à adhérer dans les centrales syndicales. Pour l'année 2020, les sénégalais constituaient la treizième communauté d'immigrés en nombre mais est la quatrième communauté d'immigrés en Italie par le nombre d'inscrits dans le mouvement syndical italien. En 2020, les sénégalais représentaient 4,3% du total des immigrés inscrits. La grande particularité de la participation sénégalaise dans le mouvement syndicale est que certains sénégalais sont nommés ou élus par leur syndicat à des postes de hautes responsabilités nationales, régionales et départementales dans la C.G.I.L, la C.I.S.L et la U.I.L. Ces responsables sénégalais dans le syndicalisme italien qui sont d'une haute facture intellectuelle et de la connaissance de la chose des droits des travailleurs peuvent constituer une base solide et peuvent être d'un apport important pour la constitution d'un mémorandum pour un futur accord bilatéral entre l'Italie et le Sénégal pour une gestion commune des travailleurs sénégalais en Italie.
L'importante participation des immigrés dans les centrales syndicales devrait amener les responsables italiens à considérer avec beaucoup plus d'attention et de respect la question de l'immigration et à batailler ferme pour protéger les droits des travailleurs immigrés. Ce maillon faible du " welfare " italien voire européen soumis à la totale disposition et proie facile du patronat et des recruteurs de main d'œuvre a besoin d'être encadré. Nombreux sont les obstacles législatifs, bureaucratiques et administratifs qui ralentissent et découragent l'insertion des travailleurs immigrés. Beaucoup d'entre eux pleins de volonté pour réussir socialement par le travail légal ont la tâche ardue au quotidien à cause du manque endémique de logements décents, l'impossibilité d'accéder à des cours de qualité et de formation professionnelle et d'apprentissage de la langue italienne et des prêts financiers. Seules les centrales syndicales peuvent s'engager concrètement pour protéger les immigrés de toutes gestions illégales en dehors du cadre juridique italien comme c'est le cas dans le sud de l'Italie où le recrutement de travailleurs agricoles par le système des caporaux mérite d'être surveillé.
Certains chefs d'entreprises même dans le nord foulent du pied les règles de gestion des travailleurs immigrés jusqu' à la sécurité sur le lieu de travail. De mémoire d'immigré en Italie pour presque 30 ans, seule une journée de grève a été organisée par les syndicats pour les immigrés ; le 1° Mars 2010, une journée de grève appelée " un jour sans nous (immigrés) " a été organisée par les centrales syndicales italiennes. Sans aucun doute, une seule journée ne permet pas de prendre en charge les problématiques de l'immigration, mais c'était un signal qu'il fallait répéter car il pourrait construire graduellement dans le mouvement syndical italien et chez les travailleurs immigrés la conscience collective que la bataille pour défendre les droits des travailleurs immigrés est une question collective. Ce signal qu'on pensait éteint depuis 2010 est en train d'être rallumer de manière plus précise par un pacte signé entre les industriels et les syndicats de la région italienne du Veneto ; pacte appelé " finis les slogans sur les migrants ". Le 23 Mai 2023, les industriels et les syndicats du Veneto ont formé une nouvelle alliance pour interpeler le gouvernement sur une politique migratoire bien pensée et bien menée avec des accords ciblés pour une gestion démocratique et fructueuse des travailleurs immigrés. Selon le président de " Confindustria Veneto Est " (association des industriels italiens) Leopoldo Destro : " penser à une politique d'insertion et d'emploi avec des accords déjà conclus avec les pays d'origine des migrants afin de faire face à la désertification démographique de la région du Veneto"
Magatte Simal C.A.D.E.E.S. Italie
