Les chiffres servent à mesurer des réalités et ils peuvent révéler des tendances. Cette évidence est valable pour les "res gestae" des affaires humaines et le sport en est une. À ce propos, il est intéressant de noter comment la CAN nous offre des chiffres révélateurs d'un processus de changement positif pour notre continent. De ce point de vue, la donne sur la liste des sélectionneurs nationaux mérite que l'on s'y attarde. Elle n'est pas seulement un phénomène sportif mais un fait culturel voire politique. Le football est un "fait social total" come disent les sociologues!
Ces dernières années on voit de plus en plus de pays africains miser sur l'expertise locale pour diriger leurs sélections nationales. En effet, quinze des vingt-quatre sélections nationales présentes à cette CAN sont coachées par des africains. Un signal important et cela n'a pas toujours été le cas. Au contraire le football africain a toujours été séduit par le mythe du "sorcier blanc" qui semble-t-il aurait le secret de la gagne là où nous ne trouvons pas des solutions pour nos propres besoins. Ceci dérive d'un complexe d'infériorité qui nous a été transmis par des siècles de domination et que nous avons intériorisé au plus profond de notre âme collective. C'est la maladie coloniale pour laquelle l'Afrique n'est pas encore totalement guérie. Les dépendances de l'extérieur persistent et notre destin a été jusqu'ici entre les mains des pays étrangers. Nous sommes des sociétés extraverties puisque nos indépendances sont fictives. Cependant les choses commencent à bouger. Et de plus en plus les africains prennent conscience du fait que nous pouvons et devons prendre en main notre propre destin. Nous devons compter sur nos propres forces. Nous devons prendre nos responsabilités. Heureusement des africains en sont de plus en plus conscients de ce fait. Gueum sa bopp! C'est ça la nouvelle idéologie de l'afrocentrisme qui est entrain de s'affirmer. Et je ne peux ne pas me rappeler de de Stephen Keshi qui reste jusqu'ici le premier coach africain à avoir gagné une CAN.
Aly Baba Faye