Serigne Bassirou Mbacké : l'exemple d'un mouride saadikh acompli

23 - Octobre - 2022

Serigne Bassirou Mbacké est né à Galla Yel ou Galya dans l'arrondissement de Coky du département de Louga. Mouhamadoul Bachir Mbacké naquit l'année même où son père Serigne Ahmadou Bamba Mbacké fut exilé au Gabon par l'autorité coloniale française. En âge d'apprendre le Coran, Mame Thierno frère de Khadimou Rassoul lui trouva comme premier maître coranique Serigne Abdourahmane Lô qui avait pris en charge l'instruction et l'éducation des enfants des nombreux guides religieux et autorités sociales et royales du Baol et du Cayor. De retour d'exil, son vénéré père Cheikhoul Khadim envoya son fils auprès de Cheikh Aboubacar Diakhaté fils de Madiakhaté Kala le célèbre Cadi ou juge musulman sous le règne du Damel Lat Dior au Cayor. Il continua ensuite ses études en Mauritanie où le grand érudit maure Muhammad Ould Abi Bakr fut son maître en théologie, en droit islamique en langue et littérature arabes.

Aujourd'hui connu et aimé dans le Saloum, il avait eu connaissance de la région car il était très fréquent à Porokhane durant sa jeunesse ; Porokhane où se trouve la tombe de sa grand-mère vénérée Sokhna Diarra Boussou, la mère de Khadimou Rassoul. Son installation dans le Saloum pour faire du prosélytisme islamique en enseignant la philosophie du mouridisme s'est faite sans grandes difficultés administratives dans ses rapports avec l'administration française grâce à l'intervention de Alioune Sow dit Mboutou. Ce dernier avait fait connaissance avec Ahmadou Bamba Mbacké et avait noué avec le saint homme de bonnes relations solides car Mboutou Sow était l'interprète à la gare de Thiès lors de son passage sur la route de l'exil. Selon Serigne Moussa Bassirou Mbacké auteur d'un document intitulé : " itinéraire ou trajectoire de Serigne Bassirou Mbacké ; un missionnaire religieux et batisseur" son père s'est d'abord installé à Mbirkilane où le chef de canton Silman ou Sirmang Soumaré lui avait cédé des terres d'habitation et d'agriculture. Le marabout avait jugé trop exigue les terres à sa disposition donc de dimensions insuffisantes pour ses activités agricoles pour les talibés de plus en plus nombreux. Grâce à l'intervention de Mboutou Sow il avait obtenu un terrain beaucoup plus large à Pakatiare derrière Ndoffane où il séjourna pendant 3 ans. Il retourna ensuite à Darou Salam Kaél dans l'actuel département de Mbacké. Il avait fondé Darou Salam (demeure de la paix) à l'image de Darou Salam qui fut le premier village fondé par son père Khadimou Rassoul ; village totalement religieux où l'unique tâche du fondateur du mouridisme était d'éduquer l'âme de ses disciples en leur inculquant les fondements et les principes de l'Islam. Selon Serigne Bassirou Mbacké dans son livre intitulé " MINNA BAKHI AL KHADIM" grande bibliographie dédiée à son saint père, Khadimou Rassoul disait : " la raison pour laquelle j'aime Touba et Darou Salam plus que les autres villages résident dans la sincérité de l'intention de les construire. Je m'y suis installé uniquement pour adorer Dieu, l'Unique avec Son Autorisation et Son Agrément ; Qu'il soit exalté ». A l'image de ce Darou Salam fondé par son père, Serigne Bassirou Mbacké avait fondé Darou Salam près de Kaél au sud du département de Mbacké dans la région de Diourbel donc toujours proche de son fief du Saloum. Il avait fait de Darou Salam Kaél un lieu de prière, d'études du mouridisme, d'apprentissage du Coran et de la Sunna (tradition) du prophète Mahammad (PSL) et de dévotion totale et d'une adoration parfaite à Dieu comme l'avait recommandé son père Serigne Touba. Son fils ainé Serigne Cheikh Mouhamadoul Moustapha connu sous de Serigne Moustapha Bassirou est né le 21 janvier 1928 à Darou Salm Kaél et y est mort le 30 Aout 2007, son plus jeune frère Serigne Mountakha Bassirou Mbacké actuel khalife général de Touba est aussi né à Darou Salam le 1° janvier 1933 ; qu'il soit éternellement couvert par la grâce de Dieu.

Un vrai inconditionnel de l'agriculture
A partir de Darou Salam Kael, Serigne Bassirou vint s'installer à Kaolack. Le guide religieux mouride s'installa dans le quartier de Kasnack le fief de Mboutou Sow et fonda "diakaye" (mosquée) mouride. Son arrivée avait soulevé les suspicions des autorités françaises mais dans leurs craintes car il est le fils de Khadimou Rassoul, il y a l'assurance de Mboutou Sow qui a positivement intervenu en faveur du marabout mouride pour tranquilliser l'administrateur de Kaolack. Avec l'arrivée des nombreux talibés, Kasnack est devenu étroit. Il était obligé de quitter pour aller plus à l'ouest de la ville pour fonder Boustane (jardin en arabe). Cette zone de sols salés argileux ou " tanne" impropres à l'agriculture était quasi devenu inhospitalière pour le marabout mouride ; un vrai inconditionnel de l'agriculture. Quand son frère Mouhamadou Moustapha, khalife général de Touba après le décès de Khadimou Rassoul en 1927 avait demandé à tous les mourides de cultiver de l'arachide pour pouvoir soutenir le lourd coût financier de la construction du rail Diourbel- Touba entre 1929 et 1931 pour l'acheminement du lourd matériel pour la construction de la mosquée de Touba. Serigne Bassirou devait obligatoirement quitter Boustane impropre à la cuture arachidière qui exige des sols meubles ou sols "dior". Pour ce besoin de terres arables adaptées à la culture arachidière qui intéresse les français, l'administrateur soutena son installation à Ndorong où il fut rejoint par tous les talibés malgré quelques réticences des sérères autochtones. Très vite la personnalité de Serigne Bassirou Mbacké finit par convaincre les autochtones de Ndorong qui rejoignent en masse le fils de Khaddimou Rassoul. Entre 1929 et 1930, Ernest Reynier administrateur de Kaolack mentionna dans ses rapports la popularité grandissante du marabout de Ndorong. En 1932, l'administrateur Reynier confirma à ses supérieurs que Serigne Bassirou Mbacké est l'un des marabouts les plus influents de Kaolack, ce qui a réveillé les suspicions des autorités françaises de Kaolack

Un stratège social d'une haute pédagogie
Entre prosélytisme religieux, enseignement du mouridisme et travaux champêtres, Serigne Bassirou Mbacké est connu à Kaolack par son comportement social irréprochable et son charisme avec des relations de bon voisinage avec les autres familles religieuses et les autorités françaises. L'administrateur Rémy a totalement soutenu le guide religieux mouride pour disposer de terres d'agriculture en faisant la médiation en sa faveur face à une certaine réticence des autochtones de Ndorong au début de l'arrivée du marabout mouride. L'administrateur Edmond Louveau avait des fortes relations d'amitié et de confiance avec le marabout de Ndorong ; à la fin de sa mission et son retour en France, Edmond Louveau est revenu à Kaolack pour une visite d'amitié et de courtoisie à Serigne Bassirou Mbacké.
L'évaluation d'une personne à partir de son caractère, de son éducation socio- religieuse est objective et juste si elle part de l'auto réputation c'est à dire de l'image de soi ; en cela Serigne Bassirou Mbacké est un exemple pour les humains. Sa réputation d'un bon mouride qui suit pas à pas les enseignements de son vénéré père Khadimou Rassoul est largement démontré par son caractère charismatique qui lui vaut la ruée des talibés vers lui aussi bien à Ndorong qu'à Darou Salam Kaél. Tous ses actes tant appréciés par tous ceux qui l'ont connu ou qui l'ont côtoyé sont largement déterminés par son éducation socio- religieuse et son haut niveau intellectuel ; deux facteurs personnels qui se sont révélés dans ses entreprises socio- religieuses et personnelles. Il a éduqué ses nombreux disciples par la science religieuse et le travail honnête. Il est difficile en parlant de Serigne Bassirou Mbacké d'utiliser le mot leader irréprochable, qualificatif qui lui sied parfaitement au regard de ses relations avec tous: talibés, autorités coloniales, voisins, connaissances et concitoyens car dans ses écrits, ses comportements, ses discours religieux et ses déclarations au quotidien, il fait comprendre qu'il est toujours à la conquête de statut de talibé mouride parfait et accompli sous le guide de Khadimou Rassoul pour marcher derrière lui sur les pas du prophète Muhammad (PSL). En étudiant de près son rôle et sa pédagogie de conduire les hommes sur le droit chemin ( ihdina alssirata al mustaqeema) avec autorité et influence et sa capacité d'entrainer des milliers de sénégalais vers un objectif commun qui est Khadimou Rassoul, il est évident que Serigne Bassirou Mbacké est un leader charismatique, un constructeur social, un meneur d'hommes, un stratège social d'une haute pédagogie dont la source de connaissances et d'inspiration est strictement centré sur les enseignements de son vénéré père Serigne Ahmadou Bamba Mbacké, sur la SUNNA du prophète Muhammad (PSL) et les écrits du saint coran
Le lundi 1° Août 1966, le chantre du mouridisme dans le Saloum comme représentant très visible et très actif du fondateur du mouridisme Serigne Bassirou Mbacké le digne fils de Serigne Ahmadou Bamba Mbacké et de Sokhna Faty Madoumane Diop s'éteignit dans son domicile de Darou Minam.

Magatte Simal
C.A.D.E.E.S. Italie

Commentaires
1 commentaires
Auteur : Posté le : 03/09/2023 à 18h56

Merci Diaspora Actu pour votre engagement qui tend non seulement á enrichir les lecteurs mais aussi á rivaloriser nos braves hommes.
Un chapeau au Prof. SIMAL .

Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle
Autres actualités

Europe et immigration : une coexistence impossible mais obligée

05 Mai 2024 0 commentaires
Lorsqu'une personne, une chose, un phénomène se trouve dans une position inconfortable, dans une situation fâcheuse, quand elle est dangereusement mena...
Demande de renseignement

Contactez nous au

07 69 67 77 43

ou