Conscient des difficultés auxquelles sont confrontés nos compatriotes de la diaspora pour envoyer de l’argent à leurs familles restées au pays, M. Papa Diabel Ndiaye, un sénégalais vivant au Canada a réussi à mettre en place une plateforme rapide, simple, fiable et sécurisée à faible coût. Cet entrepreneur a accepté de nous accorder un entretien exclusif.
Pouvez-vous présenter brièvement ?
Comme vous savez, par humilité, c’est toujours difficile de parler de sa propre personne. Pour résumer : Sur plan académique : Je suis diplômé en sciences et techniques industrielles de l’École Supérieure Polytechnique de Dakar, en 1996. En 2001, je suis allé me former pendant 4 ans en informatique appliquée, à l’Université du Luxembourg. Et en 2006, un certificat en finance et gestion des entreprises aux HEC Montréal.
Sur le plan professionnel : Je suis enseignant de Science et Technologie, associé à la chaire de recherche CRIJEST de l’UQAM-Univ de Sherbrooke. Président et Co-fondateur de SOMAG CANADA Ltée, une entreprise œuvrant dans la mécanisation agricole, je suis fondateur et CEO de Jappoo Money Transfer Inc., une société Fintech de transfert d’argent en ligne, également initiateur du projet Jappoo Diaspora qui est fonds commun d’investissement des sénégalais de l’extérieur basé essentiellement sur les transferts d’argent au Sénégal.
Comment est né Jappoo Diaspora ?
Suite à des difficultés d’accès aux financements, sur un projet de mécanisation agricole que j’avais dans le Walo (Boundoum, Kassak et Ronkh), dans la riziculture, Jappoo a été lancé. Pour moi, il était inconcevable que des centaines milliards soient envoyés par la Diaspora, chaque année et que nous ayons autant de difficultés pour financer des projets porteurs. J’ai initié Jappoo Diaspora en mars 2016 avec des expatriés sénégalais vivant au Canada, dans le but de mieux optimiser l’impact socioéconomique des transferts d’argent en Afrique, en réduisant les frais de transfert et permettre d’investir dans un Fonds commun. Notre crédo, c’est l’entrepreneuriat collectif.
C’est ainsi qu’un Fonds commun d’investissements dénommé Jappoo Diaspora a été créé afin de permettre aux sénégalais de l’extérieurs d’y investir 2% du montant qu’ils transfèrent à chaque transaction. Pour le mettre en œuvre il a fallu avoir des ententes avec certaines sociétés de transferts d’argent. Pour mieux rester fidèle à nos objectifs, j’ai décidé en juillet 2017 de créer la société par actions Jappoo Money Transfer Inc. afin de permettre aux expatriés, peu importe leur origine, d’envoyer de l’argent à leurs proches et famille à moindre frais, en ligne.
La plateforme mise en place permet aussi de collecter le Fonds commun d’investissements des adhérents de Jappoo Diaspora confié à une Sociétés de Gestion en d’intermédiation (SGI) agréée par le Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) sous le numéro 30/04/014/98.
Pourquoi avez-vous décidé de créer votre entreprise au Canada ?
Mes études à HEC Montréal m’ont permis de bien saisir les opportunités d’entreprendre que m’offre le Canada. Comme vous savez, c’est un pays stable sur tous les plans, avec une bonne gouvernance. Un pays qui regorge de beaucoup de ressources naturelles, un environnement scientifique et technologique effervescent, bref tout ce qu’il faut pour bien créer une entreprise.
Est-il facile de devenir chef d’entreprise au Canada ?
Comme partout, c’est toujours très exigeant d’être entrepreneur, mais le Canada offre un cadre favorable à l’entrepreneuriat.
Selon vous pourquoi de plus en plus, les sénégalais de l’extérieur ont-ils peur de retourner investir au pays ?
Ils ont peur car les difficultés sont multiples et les risques élevés : Main d’œuvre peu ou pas qualifiée, culture entrepreneuriale déficiente, système bancaire rigide, avec des taux d’intérêt élevés, accès aux financements difficiles… et la liste n’est pas exhaustive….
En investissant à l’étranger, peut-on seulement compter sur la communauté sénégalaise ?
Malheureusement nos compatriotes n’ont pas une grande culture entrepreneuriale, ils ont plutôt une culture de rente. Dans la grande majorité, ils pensent toujours faire des études où chercher rapidement une qualification pour un travail salarié. C’est pourquoi nous prônons l’entrepreneuriat collectif pour les inciter à soutenir les entreprises de leurs concitoyens. Il faut également à l’instar de certains pays Asiatiques, que le Sénégal soutienne les entrepreneurs sénégalais dans leur pays d’accueils.
Entretien réalisé par Malick SAKHO