Madame pouvez-vous nous dire d’où est née l’idée de la tenue du salon ?
Je suis dans l'entrepreneuriat depuis mon adolescence ; je vendais des jus et je coiffais aussi. J’ai toujours aimé l’idée d'être autonome financièrement et j’aime créer, impulser des dynamiques, des rencontres. Après mon master 2 en développement territorial, j’ai créé en 2009 ma première entreprise à Nantes ; un institut de coiffure et d'esthétique. J’ai donc pu réaliser et vivre les enjeux de l'entrepreneuriat. En 2020, j’ai créé un magazine digital destiné à mettre en lumière les femmes africaines de la diaspora “FaFa Mag”. A cet effet ; nous avons organisé un prix de la meilleure femme afro entrepreneure avec une expo-vente, et depuis c’est partie ! J’ai à cœur de dynamiser le secteur de l'entrepreneuriat des femmes et des africains.
Quels sont les pays africains qui vont participer ?
Nous aurons la participation d’entrepreneurs d’origine Gabonaise, Camerounaise, ivoirienne, Malienne, Congolaise, Sénégalaise, Béninoise. La partie restauration sera assurée par le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Cameroun.
Quels sont les produits africains que les exposants vont proposer ?
Il y aura quasiment tous les domaines :la littérature avec des auteurs africains, l'artisanat africain, la maroquinerie, l’habillement, les épices, les bijoux, les accessoires en wax et tissus africains, l’agro-alimentaire. Il y aura aussi des ateliers pour apprendre à transformer les céréales telle que le mil. Nous mettrons aussi en valeur les créations par un magnifique défilé. Et il y aura aussi un panel de discussion sur le thème des cosmétiques pour peaux noires et métissées.
Après Nantes avez-vous pensé à organiser le salon dans d’autres zones ?
Oui, j’ai commencé par organiser les salons sur l'entreprenariat à Paris et à Dakar en 2022. Effectivement, il est prévu de délocaliser le salon dans les zones qui le souhaitent, selon les partenariats qui vont se présenter à nous.
Vous attendez vous à avoir un public européen ?
Oui, nous espérons qu’il sera encore présent à l’image de la première édition. C’est un salon qui met en avant les talents entrepreneuriaux africains mais le public est universel. C’est l’objectif même du salon : la rencontre des cultures et les échanges économiques. Nous avons eu plus de 22 000 visiteurs
Avez-vous impliqué les autorités étatiques et les entrepreneurs qui se trouvent en Afrique ?
Oui, nous avons la présence d'entrepreneurs qui viennent du Sénégal notamment. Et des partenariats sont en cours pour pouvoir faire venir plus d'entrepreneurs d'Afrique afin de créer des liens économiques. Concernant les autorités étatiques, nous gardons espoir d'être accompagné financièrement et institutionnellement lors de la troisième édition maison pour l’instant nous n‘avons pas réussi à obtenir leurs implications. Depuis mes premières activités, je les sollicite mais en vain pour le moment. Cela fait partie aussi de mes attentes personnelles par rapport à ce nouveau gouvernement ; pouvoir contacter et obtenir des réponses de la part de nos consulats et structures aux Sénégal. Mais j’ai bon espoir.
Après le salon sont vos projets à court terme ?
Le salon est un événement annuel qui demande beaucoup en termes d’organisation, donc cela nous occupe une bonne partie de l'année. En octobre, j’organise une journée dédiée aux femmes inspirantes et nous vous proposerons pour 2025 le Salon des Gastronomes africaines à Nantes. Je vais amorcer aussi un tournant avec mon incubateur pour accompagner les entrepreneurs. D'ailleurs, ceux qui souhaitent être accompagnés pour créer leur entreprise ici ou au Sénégal peuvent me contacter pour bénéficier de notre accompagnement.
Le président Diomaye Faye a été élu avec 66,37% par la diaspora, à quoi elle doit s'attendre en retour. En d'autres termes, quelles sont les attentes des sénégalais de l'extérieur ?
Nos attentes concernent, entre autres, la prise en compte de nos préoccupations en tant qu’expatriés ; réduire les lenteurs administratives, pouvoir accéder aux représentations consulaires de plein droit sans clientélisme, proposer des mécanismes accessibles pour ceux qui souhaitent investir ou rentrer au Sénégal.
Avez-vous pensé à accompagner les sénégalais de la diaspora à investir au Sénégal ?
Oui mon incubateur NAAFA* propose cet accompagnement, et je propose aussi d’autres mécanismes afin de faciliter le retour par l'entrepreneuriat ou le salariat au Sénégal. J’en dévoilerai le contenu au moment venu. A travers ce salon, mon objectif est de construire un pont entre l’occident et l’Afrique.
Que pensez-vous de l'immigration clandestine ?
C’est un des maux qui gangrènent le Sénégal actuellement. Il faut aller questionner les sources de cette émigration qui vide le pays de ses forces les plus vives, ces forces qui doivent le construire. Aujourd'hui, il faut redonner de l'espoir aux jeunes notamment. L’espoir de pouvoir réussir dans leur propre pays. J’ai espoir que dans un futur proche, il ne sera utilisé que le mot expatrié pour parler de la diaspora sénégalaise.
Quel est votre dernier mot Mariama ?
Il est plus que temps pour les africains de se saisir des opportunités qui s'offrent à nous pour impulser et mettre au-devant de la scène nos produits et notre savoir-faire. Et j’encourage aussi à l’union dans nos actions et au soutien des différentes initiatives allant dans ce sens.
NAAFA* signifie Utilité en mandingue, ma langue maternelle.
Entretien : Malick Sakho
falilou THIANE