M. Alioune Ba est un chroniqueur et ancien Président des Sénégalais de Brescia et province. Il a accepté de répondre à nos questions; Entretien.
Monsieur Ba nous voila à quelques mois des elections legislatives. Dans la diaspora des voix s’élèvent pour annoncer leurs candidatures quel commentaire en faites vous ?
Merci Malick. Très heureux pour l'invitation. Effectivement, depuis la sortie du décret fixant la date des élections législatives au mois de juillet 2022, nous avons assisté à une floraison d'annonces de candidature. S'il y'a une chose qui a attiré mon attention, c'est la propagande que fait une partie de la société civile. C'est une nouvelle donne car ce sont les partis politiques qui jouaient les premiers rôles mais la société civile a décidé de prendre les choses en main. Ça c'est une nouveauté c'est uniquement la diaspora qui peut évaluer ses députés et surtout que elle seule qui est capable de dire le profil qu'elle veut à l'hémicycle. Donc ces candidatures ne nous surprennent pas mais je suis convaincu que la diaspora ne veut plus qu'un quelconque groupe choisisse à sa place.
Que pensez vous de la prestation des députes de la diaspora ?
Concernant les 15 députés alloués à la diaspora, je pense que les autorités n'ont pas joué franc jeu avec nous. A l'époque, je n'étais pas d'accord et j'avais suggéré que la diaspora vote elle même et beaucoup n'avaient pas bien compris cette réflexion. Sur les 15 députés, je connais 3 dont 2 qui me sont très proches mais ces personnes ce sont les partis politiques qui les ont porté et non la diaspora même s'il y avait des primaires au sein de leur parti pour certains, la société civile n'était pas impliquée. Tous les candidats étaient désignés politiquement. Nous avions beaucoup d’espoir après les élections surtout sur les députés élus de l’Europe du Sud. Mais in fine, la montagne a accouché d'une souris. L' espoir de la diaspora a été brisé ; en 5ans, je n'ai jamais vu l'un de ces 3 députés organiser une rencontre avec la diaspora pour faire le point sur les problèmes qui concernent la diaspora. Ils devaient se départir des partis qui les ont portés pour se concentrer sur la diaspora mais tel n'a pas été le cas du coup, la déception était trop grande.
Monsieur Ba en Italie (au consulat) Monsieur Mohamadou Lamine Diouf a remplacé Madame Rokhaya Ba dont le rapport avec la communauté s’est avérée conflictuelle.
Monsieur Diouf est il l’homme de la situation ? L'arrivée de M. Diouf est un ouf de soulagement dans la mesure où il a hérité d'un consulat avec beaucoup de problèmes. Les rapports antre Rokhaya Ba l'ancienne consul et les émigrés s'étaient dégradés malgré les efforts qu’elle faisait et les réalisations dont l'acquisition du consulat. Certes M. Diouf fait des efforts, mais je pense qu'il peut mieux faire. Il doit surveiller son entourage et sa communication, je constate la même presse et les mêmes gars qui ont accompagné ou poussé Madame Ba directement vers la sortie... Attention alors.
L’Italie était l'un des pays les plus touchés par le covid 19. La crise économique et sanitaire n'avait pas épargné la communauté Sénégalaise. Qu'en est il exactement actuellement ?
Effectivement la Covid a décimé l'économie mondiale et bien sûr les émigrés ne sont pas épargnés. Les associations et les personnes ressources étaient organisées car c'était le seul moyen de faire face à cette pandémie. Et ce qui m'a le plus marqué à cette époque, c'est la spontanéité avec laquelle les Sénégalais se sont engagés sans attendre les autorités. Les milliards alloués à la diaspora dans le cadre du fonds force covid, je pense que c'était juste un leurre. La preuve, les personnes chargées de distribuer cet argent, n'ont toujours pas dressé un bilan. La solidarité était là. Les émigrés se sont serrés la main , unis comme un seul homme pour faire face. Quoi qu'on puisse dire, il ya des leçons que la pandémie nous a apprises. A toute chose malheur est bon.
En tant qu’ancien Président d'une des plus grandes associations d'Italie,que pouvez vous nous sur les rapports entre la communauté et les associations ?
Une question très importante Malick. Vous savez, il n'y a que seule base entre les associations et la communauté , c'est la confiance. Malheureusement, force est de constater que cette confiance est rompue et c'est bien dommage. Personnellement, je considère les associations comme un cadre d'échange pour trouver des solutions aux problèmes auxquels font face les émigrés. Certes il ya une floraison d'associations mais la plupart ne savent même pas leurs rôles. Y' en a certes qui sortent leur épingle du jeu mais beaucoup ne servent absolument a rien. Je pense que c'est un engagement naturel quand on décide de se mettre dans une association. Et surtout, il faut que les présidences soient tournantes ,que les gens jouent franc jeu, qu'un potentiel adversaire ne soit pas écarté juste parce qu'il a des ambitions qui dérangent le président. C'est l'intérêt de l'association qui doit primé sur l'intérêt personnel. J'ai dirigé l'association des Sénégalais de Brescia et Province durant 2 ans (et 2ans comme Responsable de la communication) c'était certes pas facile, mais c'est la passion qui m’animait et un devoir de donner une contribution, à aider ma communauté dans tous les sens. Sans la communauté, l'association n'a pas sa raison d'être. C'est elle la force de l'association, c'est le moteur même.
Selon vous quels doivent être les chantiers auxquels doivent s'attaquer les futurs députés de la diaspora ?
S'ils sont de la diaspora, c'est clair qu'ils savent les priorités. Aujourd'hui obtenir le plus petit papier au sein du consulat d’Italie à Dakar est un parcours du combattant. Pour légaliser le plus petit document, c'est tout un problème et ce problème persiste depuis deux voire trois ans. Et personne n'en parle ni le ministère, ni la direction des Sénégalais de l'extérieur encore moins les députés de la diaspora. Je suis volontaire au CGIL mais je vous assure que les autres émigrés sont mieux lotis que nous Sénégalais surtout les marocains qui ont réglé le probleme depuis 3 ans avec l'Apostille. Certes l'administration Sénégalaise est connue pour ses lourdeurs et lenteurs administratives, mais cela ne justifie en rien le traitement que nos compatriotes subissent. C'est un problème de volonté politique qui se pose j'en suis convaincu. Donc les chantiers auxquels doivent s'attaquer les députés de la diaspora sont nombreux. Aujourd'hui, mon souhait c'est de voir un groupe parlementaire composé que de députés de la diaspora pourquoi pas et la diaspora doit être mise à contribution. Les réalités au Sénégal ne sont pas les mêmes qu'en Europe et les partis politiques doivent le savoir et s'y adapter. Vous avez vu la floraison des candidatures de la société civile, c'est juste dû à une chose, les gens ont décidé de prendre leur destin en main en refusant le diktat des partis politiques. Quel profil pour le futur député de la diaspora ? Alors pour le profil du député de la diaspora. Qu'il soit de la diaspora, réside dans la diaspora, travaille pour la diaspora, il doit être une personne correcte, travailleuse, un rassembleur, un bosseur, une personne sincère et surtout pas un arnaqueur, un dealer ni quelqu’un qui cherche une reconversion car les difficultés sont là donc nous attendons beaucoup des députés de la diaspora que la communauté prime sur le parti. C’est mon plus grand souhait.
Entretien : Malick Sakho