entretien exclusif avec M. Touty Coundoul : “Le rêve de tout un chacun est de retourner un jour pour participer au développement du pays”
M. Touty Coundoul est un sénégalais de la diaspora qui a vécu plusieurs années en Italie et qui est aujourd’hui revenu sur sa terre natale pour devenir fermier au cœur du ferlo. Il nous a accordé cet entretien.
Comment est née la ferme Souf ?
La ferme Souff est réalisée grâce à la contribution de l'Aics qui avait lancé un appel à propositions pour les organisations de la société civile italienne. En collaboration avec l'ONG arcs nous avons présenté le projet Souff qui a été financé sur une durée de 3 ans.
Ayant vécu pendant plusieurs années en Italie pourquoi avez-vous décidé de retourner cultiver la terre ?
Retourner vers la terre a été facile pour moi parceque je suis fils de paysan et au delà de cette situation l'agriculture est une passion pour moi et je passai mes vacances en Italie dans des agriturismes où j'apprenais beaucoup de choses sur l'agriculture en général et surtout sur le maraîchage. En outre vous savez très bien le lien que nous immigrés sénégalais avons avec le pays et le rêve de tout un chacun est de retourner un jour pour participer au développement du pays.
On sait que la ferme Souf est au cœur du jolof une zone sylvo- pastorale par excellence que faites vous pour cultiver à tout moment de l’année ?
Nous avons avec la collaboration de l'état pu avoir un forage équipé qui fonctionne avec un système photovoltaïque et d'un groupe électrogène, ce qui fait que nous puissions pratiquement cultiver durant toute l'année.
Combien de personnes employez vous ?
Plus ou moins une trentaine de personnes sont employées dont une dizaine fixe. Beaucoup de Sénégalais de la diaspora veulent retourner au pays mais peinent à trouver une issue.
Que faut il faire pour bénéficier d’un financement leur permettant de faire comme vous par exemple ?
Pour l'Italie nous avons la possibilité de participer à travers la coopération décentralisée et de bénéficier de financement pour des projets à réaliser dans les pays d'origine, en plus des lignes de crédit au niveau du Sénégal. Malheureusement l'information n'arrive pas aux ayants droit.
Avez-vous la possibilité d’écouler votre production au niveau des marchés locaux ?
Absolument si, comme vous le savez la majeure partie des produits maraîchers était importée des autres localités du pays, maintenant les commerçants viennent s'apprivoiser directement à la ferme Souff, autrement nous faisons le tour des marchés hebdomadaires (louma) et le plus souvent nous livrons sur commande.
Avez-vous pensé à monter de petites unités de transformation des produits que vous récoltez ?
Nous avons un laboratoire au sein de la ferme Souff ou nous transformons les produits locaux. Ainsi nous faisons la transformation des céréales locaux et nous faisons des jus avec les fruits disponibles selon la saison. Beaucoup de fils du jolof ont pris les navires de fortune pour se rendre en Europe.
Le retour à la terre peut il être une alternative à l’émigration clandestine ?
Plus qu'une alternative je dirais une opportunité de plus. Au Sénégal nous avons tous les atouts (terres arables, soleil et disponibilité de l'eau en profondeur pour faire de l'agriculture un levier important de notre développement. Malheureusement tous les projets financés ont fini par enrichir une élite au détriment des objectifs. Au Sénégal il y'a beaucoup de projets agricoles qui ont été financé à hauteur de milliards (Prodac, Pasa, Anida) qui n'ont pas encore eu l'impact désiré. En ce qui concerne l'agriculture saisonnière, il suffit de changer la méthode de subvention sur les semences et les mettre au service de la production pour rendre efficace les efforts de l'état.
Entretien : Malick Sakho
