Monsieur Mamadou Aïcha Ndiaye, ce natif de Linguère est un Journaliste international et Doctorant à l’Université Laval (Québec) Canada. Il a repondu aux questions de Malick Sakho. Voici son entretien.
Monsieur Ndiaye, vous êtes cadre international et vous poursuivez vos recherches au Canada depuis quelques années, pensez-vous que parmi ceux qui estiment que les Sénégalais de la Diaspora sont à la merci des politiciens ne devraient pas le faire, qu’en dites-vous ?
Bonjour, chers confrères de Diaspora Magazine. Vous me permettrez avant de répondre à cette question qui me semble être deux interpellations au lieu d’une, remercier votre rédaction et vos lecteurs et me prêter à vos questions. De prime abord, il faut reconnaître que la politique n’est d’autre que l’art de gérer la cité, sous ce rapport, nous pensons quel que soit le degré d’adhésion, d’appartenance et d’intérêt au large le plus humble du don de soi, chacun peut militer, encourager, soutenir une dynamique et contribuer au développement de son terroir, de sa collectivité pour rester dans le terme le plus approprié. Or, les Sénégalais de l’extérieur ne sont pas tous concernés par cette posture politique car, à mon avis les contraintes de l’immigration peuvent contraindre certains compatriotes à mettre l’accent plus sur leur travail, sur leur famille basée dans l’hexagone que de s’occuper des questions centrales de positionnement politique. Les gens qui réfléchissent que c’est une soumission aveuglée aux politiques, peuvent avoir des éléments d’appréciation que je n’ai encore obtenus ou simplement, ils ne sont pas bien outillés en appréciant ainsi dans un angle assez limité.
Du moment où, la diaspora est considérée comme une 15e région, tout ce qui touche cette région ou leurs appartenances originelles aux autres 14 régions (intra-muros) au pays, devrait concerner et intéresser les Sénégalais de tout bord. Qu’ils soient de la diaspora ou pas. Nonobstant ce choix, chaque fils du pays devrait être un ambassadeur de sa nation, imbu de valeurs républicaines, patriotiques, en tout lieu et en toute circonstance. J’ai du mal à voir, quelqu’un qui se drape du drapeau national et se permette d’en faire n’importe quoi cela aussi est un comble de l’aberration.
Certains sont même montés au créneau pour dénoncer le fait que des émigrés participent à la collecte de fonds initiée par une certaine classe politique. Quel commentaire en faites-vous ?
Oui, si la loi l’autorise je n’y vois aucun inconvénient mais c’est une trouvaille de la coalition « Yewwi Askan Wi » si je ne me trompe. Elle a initié une campagne de collecte de fonds pour doter de leur formation politique de ressources substantielles devant leur permettre d’aller en campagne électorale et faire face à d’autres coalitions plus nanties, ou moins fournies, en tout cas en logistique, en matériels et en budget. Cependant, ce n’est qu’une infime partie des solutions pour essayer de ne pas rater un rendez-vous important dans le landerneau car, ce virage peint l’élection des conseillers municipaux et des maires devant porter les destinées des communes du Sénégal pour une durée de 5 ans.
Attention, c’est un couteau à double tranchant. Cette innovation ouvre la boite à pandores, puisque cela repose avec acuité, la récurrente question du financement des partis politiques, l’origine de leur financement, la question de la légalité ou non de ces contributions licites ou illicites, de leur provenance et même le débat sur le blanchiment de capitaux.
Beaucoup de cartels, de groupes extrémistes, de sectes, que sais-je encore, cherchent vaille que vaille à lier des partenariats avec des relais dans le monde, et le Sénégal n’est pas une exception pour tenter de s’immiscer dans les affaires politico-économiques, religieuses, militaires, de certains pays, et cela n’est plus un secret. Donc, pour moi c’est possible si, la loi et les juridictions encadrent ce processus afin d’apporter une contribution tracée pour bâtir un projet porteur et revitalisant de notre démocratie.
Est-ce que, selon vous, les candidats pour les locales qui sont issus de la Diaspora ont des chances de passer ?
Tout électeur éligible peut être candidat, mais n’est pas maire qui veut. On ne saurait débarquer avec ses valises et ses liasses pour venir postuler au titre de maire d’une commune sans poser des préalables. Ceci requiert une parfaite adhésion de la base, des masses populaires avec la démarche du candidat ou des préposés élus et conseillers municipaux. C’est un enjeu local avec des ramifications nationales et internationales. Si le candidat de la diaspora est un acteur social, acteur de développement connu et adoubé dans son quartier, dans sa ville, soutenu et rassembleur son deal peut marcher. Le leader sait convaincre et massifier mais s’il est un singleton qui n’a rien fait depuis belle lurette et parce qu’il est riche ou influent qu’il veut être élu ça être compliqué. À mon avis tout dépend de ses capacités plurielles. Son sens du devoir, sa logique, son style de management, ses ressources, ses programmes et projet de développement etc... Certains candidats issus de la diaspora peuvent effectivement être élus, selon leurs itinéraires et tacts mais d’autres vont mordre la poussière.
Monsieur Ndiaye, vous êtes originaire du Djolof, plus exactement de Linguère. Dans votre ville, l’ancien ministre de l’Intérieur, Monsieur Aly Ngouille Ndiaye veut rempiler à la tête da la commune, pensez-vous que cela va être une simple promenade de santé pour lui ?
Vous me permettrez d’emblée de préciser que parler de cet homme d’état, Monsieur le ministre Ali Ngouille Ndiaye, maire de ma ville m’est difficile. Pour deux raisons : la première, il est mon frère et ensuite je suis journaliste guidé toujours par l’éthique, l’objectivité et l’équidistance dans l’avis ou le traitement de l’information. (Titulaire d’un certificat de journalisme au Cesti- UCAD et d’une maîtrise en communication publique et journalisme international Université Laval Québec), donc je crains d’être trahi par le sentiment fraternaliste et de souteneur d’un frangin envers son aîné. La deuxième chose est que je peux parler de lui, sous la casquette d’un analyste observateur qui scrute, et opère depuis plus vingt-sept ans dans l’espace médiatique sénégalais et mondial. (Inchallah), si les tendances se confirment, il sera réélu à Linguère sans aucun doute. Promenade de santé, tournée en roue libre, Ali Ngouille Ndiaye fait partie de ces élus qui ont beaucoup contribué à l’essor de leurs villes par moyens directs ou indirects. Il est populaire sans fioriture, travailleur et je ne pense que ces challengers Papa Aly LÔ, que je connais qui a du mérite de se lancer en politique sous la bannière de la coalition « Gueum Sa Bopp » ou Ousmane FALL, qui est un autre candidat que je respecte pour leur sens de responsabilités, ou M. Sangaré que je ne connais pas, puissent renverser ce mastodonte politique. Je ne le pense pas. Je suis avec munitie le déroulement de la campagne à Linguère avec des amis, des relais, et des outils de mesure, de sondages mais Ali Ngouille Ndiaye, je le pense ne devrait pas avoir d’inquiétude à ce niveau. Maintenant une élection ne se gagne sur des nombres de visites effectuées ou des foules de meetings mais dans le secret des urnes, surtout que ce scrutin est normé avec des spécifications connues.
A Linguère, on note la montée en puissance d’un jeune, en l’occurrence Pape Aly LO. Pourrait-il vraiment donner du fil à retordre à Monsieur Aly Ngouille ?
Sérieusement non. Le candidat P.A. L est un néophyte dans cette élection, un débutant qui a de l’audace, je l’encourage à garder sa trajectoire, il est fairplay et bien courtois., il reste un challenger pas plus que ça. Sauf cas de force majeure, il ne peut pas à cette élection détrôner le maire sortant Monsieur Ali Ngouille Ndiaye. Le slogan de Monsieur P.A. LÔ : « Ali waccal Ali Yégg* » (Ali ôtes-toi de ton fauteuil pour que je m’y mette) très humoristique et empreint de cordialité n’est pas encore la fumée qui annoncera l’arrivée d’un nouveau Pape, politiquement et nominalement parlant à Linguère. Tous les deux s’appellent « Pape ». Je me rappelle notre enfance où, on appelait Monsieur Ali Ngouille (Pape Ndiaye) et Papa Ali LÔ aussi a le même pseudonyme, et le même prénom. Et vous de Diaspora Magazine, vous me donnez ici l’occasion de saluer le déroulement responsable et paisible (je touche du bois) de la campagne électorale à Linguère car, jusqu’au moment où je viens de raccrocher avec quelques QG (quartiers généraux) politiques, tout se passe sans une effusion de sang. Cela a des justifications qu’on ne pourra pas étaler ici, mais ceci est contraire à d’autres localités où les militants et autres candidats se balafrent ou se regardent en chiens de faïence. Donc bravo aux fils du Djolof pour leur sens élevé de la démocratie et du bon voisinage. Nous formons une même famille et chacun est libre de soutenir qui il ou elle veut.
A Dahra le ministre Samba Ndiobene doit en découdre avec quatre autres candidats et pas des moindres. Quelle analyse pouvez-vous faire de cette course à la mairie de Dahra ?
Effectivement, tous les 4 candidats battent leurs cartes et chacun espère gagner au finish. Je m’inscris dans la réalité qu’à Dahra, le score des urnes risque d’être très serré. J’ai aussi obtenu des éléments qui me permettent d’apprécier que toutes les coalitions en lice, fassent jouer leurs plans à fond et jusqu’au verdict du tribunal.
La juridiction pourrait départager deux des quatre prétendants à la mairie de cette bouillante ville. Plusieurs analystes observent l’antichambre du Djolof qui est la commune de Dahra avec des loupes. Dans ce grenier électoral, les dés ne sont pas encore jetés comme à Linguère. C’est l’adrénaline politique, c’est l’effervescence et qui gagne les jeunes et les femmes gagnent Dahra à coup sûr. C’est un bastion pas comme les autres, les opérateurs économiques dans toute leur diversité, le secteur informel, les sportifs font et défont les élus. Bien que je donne ma langue au chat je dois avouer que
À Dahra, le candidat de la coalition YAW (Yewwi Askan Wi), M. SAMB veut perturber l’ordre établi et espère être élu au soir du 23 janvier 2022. Ce ne sera pas facile pour lui, malgré les forces des jeunes du Pastel (Les patriotes) et des chômeurs de Dahra. Le ministre Samba Ndiobène KA, je ne le connais que de nom mais malgré les moyens engagés devrait s’interroger plus sur la loyauté et la constance de l’électorat de Dahra qui a la capacité de vaciller à chaque jour qui passe, et ce jusqu’à la dernière minute. Je me rappelle encore les élections de mon cousin Mao Ndiaye que je salue au passage, de feu Djibo Leyti KA, de feu Mahmout Saleh, des bastions de Mbayène, des moments d’intenses tractations et de stratégies politiques dans ce terroir.
Le candidat de la coalition « Benno Bok Yakaar » avec ses alliés de parti socialiste, de l’union pour le renouveau démocratique (URD), (AFP) et autres partis font tout mais ils ont un sacré client politique. Investi par une coalition et membre de l’APR, le cadre universitaire Dr Moussa SOW monte en puissance et bénéficie de l’affection et de l’espoir d’une bonne partie des populations de Dahra. Le ministre Samba Ndiobène KA, je ne le connais pas, mais son ancienneté et sa résidence à Dahra, me semble, ne ferait pas de lui un authentique fils de Dahra car il est de Boulal. Cela peut paraitre anodin mais le monde politique de Dahra est un fief non maitrisable. Tous les paramètres peuvent être analysés en force ou en faiblesse. Il est entrain de tenter le tout pour le tout mais l’autre adversaire
Au niveau départemental, EL Malick Ndiaye chargé de communication du Pastef peut-il surpasser Maître Amadou Ka ?
À ce niveau-là, comparaison n’est pas raison. Franchement je ne sais pas comment la coalition BBY pourrait être déboulonné par El hadj Malick Ndiaye dans le département de Linguère ? Je ne miserai pas là-dessus. C’est vrai il est un outsider qui fait son baptême de feu électoral, à ce que je sache dans cette élection mais, le jeune confrère que je ne connais que de nom, devrait au-delà de Dahra, de son fief natal vers Ngouye, autres bourgades périphériques, aller conquérir et grignoter l’électorat dans les contrées de Barkédji, de Thiel, de Gassane, de Kadji, de Dodji, et de Labgar qui sont des fiefs bien gardés par la mouvance présidentielle. Ensuite Maître KA, fait partie des derniers mohicans de l’électorat Peulh. Il connaît les arcanes du département de Windou Thingoly à Téssékré en passant par Diagaly et Khogué. Ces zones sont favorables aux partisans des mentors comme Doyen Sidel KA, Ali Ngouille Ndiaye Coumba Diaw (Sagatta), Idrissa Diop (Labgar), Me Amadou KA, Maître Daouda KA (Thiargny) et tant d’autres lieutenants de l’APR. Les éléments du puzzle apériste et alliés sont assez solides pour ne pas être déconsolidés pour cette élection départementale du 23 janvier 2022. C’est une jauge cependant pour Malick, pour le parti Pastef et la coalition Yewwi Askan Wi, en vue des législatives qui se profilent à l’horizon juin 2022 si, ces joutes électorales se tiendront à cette date.
Selon vous, quels doivent être les principaux axes prioritaires auxquels doivent s’attaquer les prochains élus du Djolof ?
Vous savez à chaque génération ses défis et aspirations. À chaque maire aussi ou localité ses préoccupations majeures. Pendant longtemps, des décennies le bitumage des routes Dahra -Linguère, Linguère-Matam furent des revendications bien que ce genre d’infrastructures ne soient pas des compétences déconcentrées. Mais si nous prenons les axes prioritaires auxquels des efforts sont faits et qui se poursuivre c’est dans l’éducation, la formation, l’entreprenariat, l’emploi, la santé, le sport et la lutte contre la pauvreté de façon générale. Des produits sont transformés actuellement dans le Djolof (gomme arabique, lait, les fruits secs, les détergents, l’artisanat, etc..) mais cela me parait encore timide, il faudrait que les produits laitiers, la peau, la viande les abattoirs, les questions de stabulation, les points d’eau (forages) qui ont connu une hausse considérable dans le département soit maintenue et améliorée. Le financement des couches vulnérables, l’agriculture, la pisciculture, sont des niches à accroitre pour porter le département vers le développement endogène. Le désenclavement et l’électrification sont aussi des axes prioritaires sur lesquels les élus devraient agir.
Pouvez-vous, vous présentez à nos lecteurs pour de plus amples informations sur votre cursus de journaliste de renommée mondiale, du Journal « Le Soleil » et de « Téranga FM » À Saint-Louis, correspondant du groupe Futurs Média (RFM) au Canada ?
Parler de soi, est synonyme d’une ouverture, se révéler à un autre public qui ne te connait pas. Je suis fils d’un ancien infirmier des grandes endémies de Linguère, plus précisément du quartier des Abattoirs. Après mes études primaires et moyennes, j’ai fait mon secondaire au lycée Malick SY de Thiès avant d’être instituteur adjoint. De directeur d’école je suis passé surveillant, secrétaire du censeur, formateur à l’école de formation des instituteurs, bref …
Mes passions de reporter m’ont permis de faire du journalisme, et d’obtenir deux maitrises, des diplômes professionnels aussi bien dans la pédagogie jusqu’à devenir Maitre associé et doctorant dans les sciences de l’éducation que dans le domaine de la communication. Le journalisme et l’enseignement m’ont fait réaliser des projets personnels professionnels.
Pouvez-vous nous citer quelques exemples dans vos expériences journalistiques ?
Des exemples dans ma carrière sont nombreux et par crainte d’en oublier je pense… (moment de réflexion). Il y’en a à la pelle entre les différents évènements politiques, sportifs, culturels, économiques, professionnels dans les pays et différents continents visités. Parmi les temps forts ou reportages les plus marquants, je donne au pif, ma prestation comme journaliste- présentateur lors de la visite au Sénégal du président français Jacques Chirac, (Dakar et Saint-Louis), des présidents africains et sénégalais. Mine de rien, j’ai eu la chance de présenter 9 chefs d’états en exercice et un secrétaire général des Nations Unies, sans compter les ambassadeurs et ministres : les présidents Abdou DIOUF, Abdoulaye WADE, Macky SALL, tous à des cérémonies officielles et solennelles. Ensuite ma rencontre en 2001, lors du naufrage du bateau « le Joola » à Mouit Gandiol (Saint-Louis) avec les rescapés de cette tragédie, la mort de grands hommes, les Jeux olympiques de (1996), éliminatoires de la coupe d’Afrique de football, Mondial (1998-2002), les retransmissions en direct au stade Léopold Sédar Senghor, les festivals, les missions internationales. Des pérégrinations, des reportages au Sommet mondial du G7, en France à Radio France international (RFI) avec la découverte des sources du fleuve (La Seine) dans le département de la Bourgogne, dans plusieurs états africains, aux États-Unis d’Amérique, au Congrès américain, à la Maison Blanche à Washington DC, sous le régne de Donald Trump, à l’Agence France de New York, au siège de Human rights Watch, mes visites au centre culturel de Harlem avec les Malcom X et autres pionniers de la lutte d’émancipation des Noirs pour ne citer que ces détours. Je fus un teigneux joueur de football, avant de siffler aussi en ma qualité d’arbitre qui (il rigole) a sifflé plusieurs matches de championnats nationaux, finales de coupes communales, coupes des Maires, coupes finales départementales entres plusieurs localités du pays. Les actuels anciens sportifs, auditeurs, spectateurs, et collègues ou confrères connaissent modestement mon parcours et « Gary » mon pseudonyme de sportif. À tous et toutes, j’exprime mon respect et amitié et salue tout ce monde au passage.
Le mot de la fin de cette interview ?
Je voudrais rendre hommage à Dieu, le Tout-Puissant remercier mes parents et vous souhaitez plein succès dans votre entreprise de presse. J’apprécie vraiment votre travail et espère que dans ce contexte pandémique vous trouverez tout l’appui qu’il faut pour mieux avancer.