Monsieur Alioune Ndiaye est le Directeur Général du Groupe Africa7. Il est candidat aux prochaines élections législatives (pour la diaspora). Il a accpeté de répondre aux questions de Malick Sakho. Entretien.
Monsieur Alioune Ndiaye, pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidat aux prochaines élections législatives ?
Merci Malick, pour cet entretien. Je profite de l’occasion pour saluer tous les lecteurs de votre magazine diaspora. Je souhaite être le candidat aux prochaines législatives pour le département Europe du sud composé des pays que sont l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Turquie. Comme je l’ai écrit par ailleurs sur ma page après des consultations auprès de plusieurs personnes ressources, Si mon destin m’y conduit, je suis la volonté divine mais tout le monde sait que toute ma vie a été dédiée à la diaspora qui est une partie de moi-même. Toutes mes activités professionnelles je les ai faites dans la diaspora et avec la diaspora. J’ai l’habitude de dire que l’Italie m’a tout donné, au Sénégal je dois tout et pour la diaspora sénégalaise je suis prêt à tout. Nous avons encore beaucoup de choses à faire valoir et surtout à défendre pour la diaspora sénégalaise. Sur tous les plans. J’espère demain être dans la prochaine législature afin d’aider à mieux comprendre les problématiques de l’immigration sénégalaise et de proposer aux autorités des solutions alternatives. Maintenant, ne il ne faut pas se tromper de jeu ou de rôle. Un député ne signe pas de décret, il n’abroge pas de loi, il est à l’origine entre autres taches parlementaires des propositions ou de votes de lois et de veiller à leurs applications strictes par des commissions de vérification auprès des institutions en charge des mise œuvre. Au niveau de la diaspora, les prochains parlementaires doivent se concentrer sur plusieurs sujets dont les émigrés ont en commun quelque soient les réalités et les différences des pays d’accueil. Tous les émigrés souffrent des mêmes maux, sont presque confrontés aux mêmes problématiques. Je dois d’abord dire que les premiers parlementaires ont quand bien même du mérite car c’est à partir d’eux que les prochains vont chercher à améliorer les actes posés, c’est grâce à cette première législature de la diaspora que les prochains députés pourraient améliorer leur présence au niveau de l’assemblée nationale
Comment comptez-vous y aller ? Sous quelle bannière allez-vous y participer ?
Pour le moment comme beaucoup de futurs candidats et de partis politiques, personne ne sait comment aller aux élections législatives. Les partis, mouvements citoyens, ou coalitions se concertent et ce qui est sûr c’est qu’il y’aura une réorganisation avec de nouveaux partis politiques, de nouvelles coalitions ou candidatures individuels peut être. Nous avons notre mouvement (ANS-D) Alliance Nationale Sénégalaise et de la Diaspora. Depuis l’annonce parue dans les réseaux sociaux j’ai été surpris de comprendre à quel point les émigrés me manifestent de l’estime. Des leaders de partis politique m’ont joint à travers leurs représentants dans la diaspora qui leur ont fait part de l’annonce. Tout est question de stratégie et de concertation. Je ne suis pas seul dans ANS-D même si je porte le drapeau je suis soutenu et suivi par d’autres émigrés, et non émigrés, des hommes et des femmes qui croient en moi et en ce que je leur dis. Le moment venu nous nous concerterons tous et prendrons la décision qui nous pareille la meilleure
Le treizième législature tire à sa fin. Que pouvez-vous dire de la prestation globale des députés de la diaspora ?
Peu mieux faire. Comme je l’ai dit auparavant ils ont du mérite. Toute première opération comporte des améliorations. Ma lecture de cette législature pour l’ensemble des députés de la diaspora est qu’ils (tous) pouvaient mieux faire et éviter beaucoup de bruit intitule. Ils ont de la matière et sont tous issus de l’immigration. Je dois témoigner que certains d’entre eux ont beaucoup fait sans bruit d’autres se sont faits beaucoup entendre tout en marchant en marge de leur mission. Je suis témoins plusieurs fois d’actes posés par nos représentants pour assister nos compatriotes. Leur mandat n’a pas été facile, il faut le dire, c’est une première aussi bien pour l’hémicycle que pour les parlementaires qu’ils sont. L’esprit partisan et la politique politicienne ne leur ont pas non plus aidé mais ils pouvaient faire preuve de dépassement, penser plutôt aux émigrés qu’aux partis politiques qui les ont investis dans des listes.
En tant que candidat déclaré, que proposez-vous aux sénégalais de l’Extérieur ?
Très honnêtement Malick, en toute modestie la différence ente Alioune NDIAYE que je suis et je souhaite rester et le futur parlementaire que je serai, si c’est mon destin, la différence sera le statut. Toute ma vie je l’ai consacrée à la diaspora donc à moi-même. Je suis de la diaspora et je veux y rester pour le reste de ma vie, c’est un choix, une volonté et un destin. Si les émigrés de l’Europe du Sud me font confiance, j’irai au parlement pour rendre officielles les luttes que j’ai toujours menées comme l’ont aussi fait d’autre émigrés dans, le but d’aider à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes, les nôtres. Vous-même êtes témoins de beaucoup d’efforts que nous avons fourni dans ce sens. Nous avons réussi ou échoué plusieurs projets. Ce magazine que le lecteur tient à la main ou devant son ordinateur ou son terminal est la suite logique d’une longue expérience dans la communication. Des projets de radios, de télévisions, de journal papier dont le premier et le plus ancien était porté par ALFA COMMUNICATION de notre confrère Abdou Latif Diop. Nous avons mis sur place une chaine de télévision dont tu as été rédacteur et animateur de beaucoup d’émissions relatives aux conditions de vie de nos concitoyens. La première chaine de télévision satellitaire sénégalaise en Europe qui a donné naissance à d’autres supports audiovisuels. Donc nous ne souhaitons pas être élus sur des propositions mais sur des faits concrets dont les émigrés à qui nous tendons la main pourront faire leur propre lecture. Nous demandons à nos compatriotes de ne pas se tromper de candidats que ce soit moi ou quelqu’un d’autre. Un député ne signe pas de décrets, il propose ou vote des lois, un parlementaire n’est pas une source de richesse pour des dons ou des assistances alimentaires, un député doit défendre au parlement des lois qui après vote et promulgation doivent servir à améliorer les conditions de vie des populations. Les sénégalais de l’extérieur doivent beaucoup réfléchir avant de voter pour avoir des députés de la diaspora et non des députés dans la diaspora. Je n’ai pas l’intention d’aller au parlement sur la base de promesse ou dégréner un chapelet de doléances des émigres. Je veux être un députe de la diaspora, de moi-même, un parlementaire qui, au sortir de l’hémicycle et de mon mandat si j’en aurai, aura servi positivement à sa communauté. Nous devons être honnête avec nous-mêmes avant de l’être avec les émigrés aux noms de qui nous souhaitons être installés à l’assemblée nationale. Que les émigrés n’attendent vraiment pas de moi des promesses, comme le font certains politiciens ou comme le sénégalais aime entendre.
Les dernières locales ont vu une forte participation des Sénégalais de la diaspora mais, la majeure partie d’entre eux ont été recalés. Pourquoi, selon vous, ces sénégalais de la diaspora qui voulaient être maires de leurs localités n’ont finalement pas été élus ?
Très difficiles de faire une lecture sereine durant ces dernières élections locales au Sénégal. Ce sont des élections difficiles pour les autochtones, elles ne pourraient qu’être compliquées ou complexes pour les émigrés-candidats. Il faut comprendre que nous émigrés, nous ne sommes pas encore bien intégrés chez nous, nous sommes vus comme des « étrangers ». On nous appelle maire-modou modou, et nous pose la question à savoir comment pouvez-vous gérer une mairie étant « modou modou ». Tu vas rentrer après ? Les émigrés doivent comprendre qu’ils ont une ennemie commune et un combat unique celui de l’intégration et de la réinsertion. L’autre facteur est que certains candidats voudraient démontrer à partir de ces élections locales passées que leurs partis politiques en investissant d’autres militants lors des dernières investitures législatives s’étaient trompés de choix. L’un ou l’autre des cas, nous devons saluer et encourager la contribution des émigrés aux échéances électorales. Leur engagement traduit de l’espoir et leur volonté de contribuer à la marche au développement de notre pays. A tous les niveaux, nous devons apporter notre contribution vue l’importance et la force économique que nous représentons, mais nous devons le faire dans l’unité, l’organisation et surtout la méthode. Gérer une cité n’est pas une mince affaire, ce n’est pas gérer une entreprise et on ne nait pas manager surtout pour une localité dont on est étranger pour l’avoir quitté durant des années même si on vient y passer des vacances. Un émigré au retour a beaucoup à apprendre au Sénégal et des sénégalais avant de prétendre les diriger. Méfions-nous aussi des réseaux sociaux qui nous gonflent. Notre vrai terrain c’est la diaspora et non le Sénégal. Si les émigrés soutenaient les candidats émigrés en votant et faire voter leurs familles en faveur des candidats émigrés même durant les locales, on se rendra compte que la communauté dites modou-modou est une bombe à retardement. Malheureusement en lieu et place de nous entraider on s’entretue.
Que pouvez-vous dire de la gestion de la diaspora sénégalaise par les différents régimes qui se sont succédé au Sénégal ?
Tous les régimes au Sénégal, ont eu des ambitions pour les sénégalais de l’extérieur. Le problème n’est pas d’être ambitieux mais de disposer d’une bonne politique d’émigration et de mettre aux postes de décision des personnes ressources capables de traduire en acte cette politique.Malheureusement d’Abdou Diouf à Macky Sall on assiste qu’à des nominations de militants qui ont contribué « au combat politique » depuis l’étranger. Je ne veux pas dire que les militants ne sont pas compétents ou ne le mérites pas, je veux dire par là que notre administration regorge énormément d’administrateurs qu’il ne demande que servir leur pays et mieux. Ce qui se passe dans nos consulats et ambassades ces dernières années n’honore ni les diplomates moins le Sénégal. C’est au temps des socialistes que nous avons les premiers représentants des sénégalais de l’extérieur dans les institutions : « les sénateurs » puis les sénateurs et les députés de la diaspora durant le régime de Me Abdoulaye Wade. L’instauration d’un ministère des sénégalais de l’extérieur avec 4 ministres en 8 ans. Oumar Khassimou Dia, Sada NDIAYE, Aminata Lo Dieng et Ngone Ndoye. Qu’est ce qui a changé à ce jour ? Les conclusions du premier symposium des sénégalais de l’extérieur dont j’avais pris part en 2001 sont toujours d’actualité comme les assises nationales. Beaucoup de pas ont êtes posés et sont à saluer mais la volonté politique l’emporte sur la compétence administrative. Dans la continuité, le Président de la République Macky Sall a instauré dans la constitution sénégalaise le vote des députés de la diaspora « à eux dédiés » nous sommes représentés au niveau au CESE, à la primature quand elle existait encore, des militants « recrutés locaux » au niveau des ambassades et consulats qui servent plutôt d’éléments relai des renseignements généraux ou de recasement d’une clientèle politique qu’autre chose. Sur 9 bureaux économiques du Sénégal à l’étranger, à l’époque 7 sont dirigés par des chefs d’origines sénégalaise. Sur 15 consulats généraux les 12 étaient des émigrés ou des consuls généraux d’origine sénégalaise. Où est ce que le bas blesse alors ? S’y ajoute la Direction Général et d’Assistance des sénégalais de l’extérieur dont le chef est élevé au rang d’ambassadeur avec ses multiples directions et bureaux, le secrétariat Général des sénégalais de l’extérieur dont le chef de poste siège au conseil des ministres tous les mercredis. Le Président Macky Sall qui a modifié par décret le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur relai entre l’Etat et les associations des Sénégalais de l’Extérieur en Haut Conseil Supérieur des sénégalais de l’Extérieur n’a jamais rendu pratique son décret n° 2010-241 du 1er mars 2010 abrogeant et remplaçant le décret n°95-154 du 9 février 1995.
A toutes ces observations s’ajoute la gestion des migrations, la lutte contre la clandestinité que le Sénégal a en partage avec d’autres pays limitrophes, la gestion de Frontex et les nombreux soutiens financiers des bailleurs et de l’union européenne. Généralement des efforts que les émigres n’apprennent qu’à travers les médias. De Mata Sy Diallo à Moise Sarr, les mêmes effets produisent les mêmes causes
L’entrepreneuriat des Sénégalais de la diaspora semble encore au point mort. Qu’est-ce qui, selon vous, plombe les velléités d’entreprendre des émigrés ?
D’abord l’environnement socioéconomique sénégalais auquel les émigrés ne sont pas habitués est un facteur clef. Au Sénégal, malheureusement, on ne peut mesurer le degré de corruption et de bassesse de certaines personnes qui se disent des autorités. Beaucoup d’émigrés ont tenté le retour et finalement se sont encore relancés dans l’émigration abandonnant leurs partenaires à cause de lenteurs administratives et de « blocage » non motivés. Même si notre pays chante sur tous les toits les efforts fiscaux et des exonérations aux investisseurs, force est de constater que ces avantages sont en faveurs des investisseurs étrangers et non des émigrés. Les émigrés bénéficient rarement de soutien de l’état à l’exception prêt de quelques « financements politiques dédiés ». Je suis un exemple patent, palpable et concret de l’émigré au retour et de l’émigré tout court. J’ai installé et promu la première chaine de télévision satellitaire sénégalaise D24TV de 2011 à 2019 que tu connais très bien pour ne pas le nommer en Italie, je n’ai jamais eu de financement ni d’accompagnement de l’état du Sénégal. Je suis sur le point de rentrer au Sénégal en continuant mes activités avec la chaine Africa7 que j’ai reprise depuis 2019, je n’ai jamais reçu un seul franc de l’état du Sénégal et ce n’est pas faute d’avoir demandé. Allez chercher donc où se trouve le problème. Pourtant en tant que modou-modou au Sénégal j’emploie plus de 25 personnes et je débrousse plus de 14 millions de Fr CFA chaque fin du mois. Vous imaginez que c’est pour des raisons pécuniaires que je veux être candidat pour les députations ? C’est une mission, un combat, un destin.
Pour rester au Sénégal pour un émigré, il faut de la patience du courage, de l’intégration et surtout apprendre. Quoi qu’on puisse dire l’environnement des affaires au Sénégal n’est pas encore propice pour les émigrés au retour ou porteur de projets de retour. Je ne veux décourager personne, je parle de mon expérience et je sais que je ne suis pas seul, peut-être même d’autres ont vécu pire que moi car moi j’ai des partenaires et d’autres cordes malhabile On nous parle de guichet unique des émigrés, d’assistance ou de promotion des émigrés, tout ça c’est bien mais reste dominé par la discrimination et la politique. Les émigrés sont des travailleurs et porteurs de projets, Ce sont des professionnels doublement expérimentés avec des valeurs ajoutées sûres mais au Sénégal l’administration et les politiques en font des greniers électoraux par la complicité de nos propres frères. Tous ces tares font que la diaspora hésite au retour, les sénégalais de la diaspora ne font pas confiance à l’état ni à l’administration. Les médias sénégalais non plus n’aident pas à l’image de l’émigré ils préfèrent parler et mettre à la « UNE » Alioune Ndiaye expulsé ou Fatima prostituée que parler de l’expérience de Aly Baba Faye, de Cheikh Tidiane Gaye, de Pap Khouma ou de Nafy Dramé. C’est un tout que nous devons chercher à améliorer nous avons une ennemie commune. Nous souffrons tous du même mal, militant du parti au pouvoir comme personne apolitique ou entrepreneur. Des sénégalais sont portés à la tête de directions de sociétés étrangères au Sénégal mais s’ils te racontent leur calvaire….
Le Sénégal est champion d'Afrique et les binationaux ont été très déterminants dans la marche vers le sacre final. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
D’abord je félicite tous les lions, ils ont honoré le Sénégal, ils nous ont fait rêver, lls nous l’ont promis, ils l’ont fait. Ils le méritent. Ce sont de vrais ambassadeurs du Sénégal. J’invite le ministère en charge du tourisme et ses démembrements à saisir l’occasion pour vendre la destination Sénégal. C’est le moment. J’invite également notre compagnie nationale à faire de même et surtout vis- vis de nous émigrés qui sommes sa source de vie et d’existence. Pour les binationaux comme vous le dites, Malick, le vrai débat de demain de la diaspora, c’est les binationaux. Demain, s’ils prétendent diriger ce pays, nos enfants et petits-enfants entendront, ou subiront par d’autres formes ces propos discriminatoires « vous n’êtes pas des sénégalais » Ils ne seront sénégalais que quand ils seront des Bamba Dieng et des Sadio Mané. C’est pourquoi j’invite mes compatriotes émigrés à transcrire leurs enfants nés à l’étranger dans les consulats et ambassades, à les envoyer se ressourcer au pays, de leur aider toujours à disposer de leurs documents d’identité et documents administratifs sénégalais, de leur aider à parler les langues du pays, celles de leurs parents. Un couple mixte est une richesse, un enfant n’a pas choisi ses parents ni sa terre de naissance, il ne doit pas alors être victimes de négligence ou d’ignorance de ses parents. Évitons la paresse pour nos progénitures, cela pourrait leur porter préjudice.
Mot de la fin
Je vous remercie et vous encourage car vous aussi êtes une référence de l’immigration sénégalaise pour votre travail. La commutation est importante, elle unifie, elle contribue à l’information et permet à dénicher des talents. Nous avons beaucoup de journalistes et de communicateurs dans la diaspora, des radios, des journaux en lignes, des télévisions, web radio et WebTV tous gérés et montés par des émigrés, techniciens et journalistes de l’audiovisuels et de la communication. Partout et dans tous les pays, les sénégalais sont des exemples dans beaucoup de domaines. C’est pourquoi l’image de l’immigration sénégalaise, le visage de l’émigré et du sénégalais de l’extérieur doit changer sur tous les plans.
Je te remercie toi personnellement pour t’avoir connu Malick, tu es un grand frère honnête et sincère. Je souhaite également longue vie à votre magazine diaspora.
Entretien : Malick Sakho